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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 20:22

Ce long métrage est entièrement taillé sur mesure pour l'énormité de John Barrymore, qui ne s'en est jamais vraiment remis, et c'est le premier Jekyll important. Il ressemble à une démonstration du savoir-faire de la Paramount en matière d'ambiances et de mise en valeur des images. L'histoire est aussi un prétexte intéressant pour une descente aux enfers de l'humanité, ce dont Robertson ne se prive absolument pas... Le film aurait pu être bien anodin, s'il n'y avait eu la volonté affichée de traiter le sujet de manière appropriée: en rendant une vision aussi valide que possible de l'Angleterre Victorienne dont cette intrigue est imprégnée de façon inextricable, en tournant l'essentiel du film en scènes nocturnes, en prenant son temps, et en laissant le grand acteur faire le boulot comme il l'entendait...

Donc Barrymore est bien le Docteur Jekyll qui poussé par son entourage et sa vanité, a voulu isoler le bien du mal et a tenté de faire des allers retours entre les deux. Il me semble que le personnage de Lord Carew, le père de la fiancée du Docteur, doit beaucoup à Oscar Wilde, plus qu'à Stevenson, et en faisant le tentateur qui ne se mouille pas, il a le même rôle dans le film qu'avait Lord Henry Wotton dans The picture of Dorian Gray. Mais le mal et la descente aux enfers, si palpables et si réels, sont filmés avec un naturalisme qui est finalement bien rare dans le cinéma fantastique Américain. Même les adaptations futures en seront bien dépourvues... Et il y a Nita Naldi, la vamp qui incarne la séduction du mal. elle est grandiloquente, mais elle sied si bien à l'intrigue, tranchant avec l'hypocrisie ambiante par son allure de femme fatale...

N'empêche, elle finit bien tristement, l'histoire du gars qui avait voulu se transformer en un autre pour évaluer la part de mal qui est en chacun de nous. Un jour, j'aimerais, rien qu'une fois, voir un Jekyll qui se termine par le triomphe du mal. Rien que pour rigoler... Quant à Barrymore, il a tellement aimé se déguiser (Et incarner un Hyde sautillant qui a beaucoup fait rire Laurel, tant et si bien qu'il l'a parodié en 1925 dans le film idiot mais superbe Dr Pyckle and Mr Pryde) en monstre, qu'il s'est souvent ménagé dans ses futurs films des apparitions horrifiques pour y retourner.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1920 **