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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 09:14

Le très célèbre livre qui résume à lui tout seul ce qu'était l'homo Victorianus, The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, de Robert Louis Stevenson, a bien sûr fait l'objet de nombreuses adaptations, au cinéma Américain notamment, et paradoxalement pour une cinématographie qui se méfiait au début du fantastique, les studios d'outre-atlantique en ont produit au moins quatre, voire cinq si on ajoute la parodie menée par Stan Laurel! Ce film est donc le premier... produit par la compagnie Thanhouser, il était destiné au circuit de Nickelodeons, et on ne sera pas forcément surpris de constater qu'il n'est pas terrible...

D'une part, on a pris l'habitude bien sur d'une durée confortable, les nombreux films qui ont été consacrés à cette histoire ont tous pris leur temps et ont développé les passages obligés et les apports artistiques dans une intrigue raisonnablement étendue. Mais l'équipe de ce film travaillant sur un court métrage d'une bobine, a du concentrer un maximum en une dizaine de minutes... Et le docteur (James Cruze) ne perd donc pas de temps à faire sa découverte, dont le sel et le suspense nous sont enlevés par le fait que le premier plan (De cette version qui n'a survécu que dans une seule copie, soyons donc prudent) est un passage d'un livre qui expose vite fait la théorie de la séparation du bien et du mal inhérents à tout être humain, au moyen d'une drogue... La scène suivante nous montre donc illico presto Jekyll et sa première transformation.

D'autre part, la "scène à faire", soit la première transformation, est traitée au moyen d'un fondu enchaîné, qui est gâché par un faux raccord, et on sait que cette scène sera toujours l'un des enjeux de chaque adaptation qui suivra. De même, l'exploration du mal que peut faire Hyde n'est pas exploitée: a en croire le film, c'est essentiellement un mauvais garçon qui fait peur à UNE petite fille... avant de s'en prendre à la fiancée de Jekyll (Florence La Badie) pour aller un peu plus loin. Ensuite, le jeu est assez fruste, même s'il est plus léger que chez Griffith par exemple. Mais les extérieurs font très Américains, on n'y reconnait pas Londres... Et aucun effort n'est fait pour figurer la nuit, ces exactions esquissées au grand jour peinent à conserver la valeur choquante des intentions initiales. Bref, ce court métrage antédiluvien a une valeur illustrative qui le situe finalement en dessous des recherches de Méliès, des films à trucs de Porter.

Peut-être la caution "sérieuse" du film de Stevenson a-t-elle empêché les responsables du film de se livrer à des audaces... ou plus sûrement, la mission était-elle, Nickelodeon oblige, de réaliser une plate illustration qui ne ferait qu'un temps. 

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Published by François Massarelli - dans Muet