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11 mars 2017 6 11 /03 /mars /2017 08:15

Une histoire d'amour, certes, mais avec Dreyer, il ne faut pas s'attendre à du torride... Le film se situe dans la fin de la période muette du cinéaste, à l'époque durant laquelle il raffine son art et se débarrasse progressivement de tout ce qui le gêne: le maquillage, les excès de jeu en tous genres (Non qu'il ait été jusqu'à présent connu pour l'emphase de ses acteurs, mais passons) et même, semble-t-il les acteurs eux-même! Je m'explique: ce film, coproduction Suédoise et Norvégienne pour le réalisateur Danois, se conforme à un style très courant dans le cinéma Norvégien: la nature prime, et le naturalisme du jeu reste une règle absolue, à laquelle le metteur en scène se conforme d'autant plus facilement, que c'est ce qu'il a toujours cherché. D'où, probablement, la simplicité absolue, quasi janséniste, de l'action dans un film qui reste très clair et très linéaire dans son intrigue:

Tore, le fils d'un fermier peu fortuné, s'en retourne au pays, pour aider son père. Sa voisine Berit s'en réjouit, car depuis l'enfance les deux sont amoureux sans jamais s'en être parlé. Mais avec le travail conséquent abattu par Tore sur la ferme de son père pour en redresser la situation, les perspectives d'avenir se précisent, et Tore commence à esquisser le projet de demander au père de Berit la main de la jeune femme. manque de chance, il est coiffé au poteau par une autre famille, respectable et respectée, et le papa refuse donc d'envisager de la marier à Tore, qui n'a rien...

Il manque d'enjeu, en dépit de cette intrigue mélodramatique à souhait: en effet, Dreyer résout ce conflit classique aux deux tiers du film, pour laisser la nature sauvage prendre le dessus... Le dernier acte montre comment le fiancé éconduit va tenter de saboter le jour du mariage en libérant les troncs d'arbre entreposés sur le bord de la rivière, sur laquelle les deux amoureux doivent être véhiculés pour rejoindre leur maison après la cérémonie de mariage. 

C'est une belle séquence, et tout le film reste agréable bien sûr à voir, pour la simplicité rayonnante du jeu des deux acteurs principaux (Dreyer a clairement trouvé définitivement son style, et n'en variera plus jamais) et pour la façon dont, en cet été 1925, le metteur en scène a utilisé la beauté lyrique de la nature Norvégienne. Mais c'est quand même un bien petit film au regard de celui qui lui succède dans la filmographie muette en dents de scie de ce géant du cinéma... Mais au moins, Glomdalsbruden se rattache-t-il à la thématique de Dreyer, effectuant un parallèle entre l'amour timide mais sans conteste de Berit et Tore, la beauté de la nature, et la volonté bienveillante de Dieu sur les deux amoureux... Car oui, ce film se termine plutôt bien. Et la façon dont Berit est opprimée par la culture locale, comme toutes les femmes, rejoint l'humanisme de l'oeuvre entière.

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Published by François Massarelli - dans 1926 Muet Carl Theodor Dreyer **