Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 17:20

On a gardé tellement peu de ces petits westerns qui s'enchaînaient à une cadence infernale, tournés entre 1917 et 1919 par Ford pour Universal, qu'en découvrir un nouveau est toujours une occasion à ne pas rater. Pour la plupart d'entre eux, ils montraient les aventures de personnages (Souvent nommés "Cheyenne Harry") interprétés par Harry Carey, qui subissait la forte influence de William S. Hart dont les films étaient toujours soignés. Cette influence s'exerçait essentiellement dans la parcours du héros, souvent une fripouille (Ici c'est un joueur poursuivi pour l'ensemble de son oeuvre!), mais doté d'un fort sens moral, qui le faisait revenir en arrière et se racheter... Mais contrairement à Hart, lors de sa rédemption, Carey n'en fait pas tout un plat!

Dans Hell Bent, Harry s'installe dans une petite ville tenue par des bandits, dont Beau Ross. Parmi les citoyens, une jeune femme, Bess (Neva Gerber) vit avec son frère Jack (Jack Pegg). Mais celui-ci état incapable d'assumer un rôle de chef de famille, elle est obligée de travailler... au saloon, en tant que danseuse. La première fois qu'il la voit, Harry lui manque singulièrement de respect mais se ravise le lendemain, honteux... et amoureux. L'intrigue s'emballe lorsque après un coup fumant, les bandits partent, emportant la jeune femme avec eux...

Le film est assez difficile à comprendre aujourd'hui, la faute n'incombant pas qu'aux cinéastes: on ne dispose de ces premiers films Universal, la plupart du temps, que dans des copies retrouvées en république Tchèque, en Hongrie ou en Pologne. Ils ont fait l'objet de tripatouillages à leur sortie (Par exemple, le personnage de Carey, dans Straight shootin', s'appelle Hal Philips!); Mais ce qu'on comprend, c'est un cahier des charges western très bien rempli: dès le départ, Ford nous propose une étonnante introduction, qui voit un auteur de romans recevoir une lettre d'un lecteur qui se plaint du manque de réalisme de ses personnages. Pour y remédier, il regarde une reproduction du tableau de Remington, A misdeal... qui s'anime sous nos yeux, et le film peut commencer! Et il y a des inventions jusqu'au bout, lorsque le héros pourchasse son ennemi jusque dans le désert, dont il ne réchappera que de justesse. Le tout est pimenté de surprenantes ruptures de ton: à l'humour bon enfant du début, succédera bientôt un climat plus oppressant quand Harry se transforme de cow-boy solitaire en homme dévoué à la femme qu'il aime et qui est en danger. Hell-bent, après tout, est un adjectif qui veut dire qu'on est déterminé à aller jusqu'en enfer s'il le faut, pour faire triompher sa cause.

Bref, Ford fait ses gammes, et avec la complicité toujours précieuse de Carey, évite la monotonie, tout en devenant tranquillement l'un des meilleurs cinéastes du monde, tout bonnement.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Muet John Ford 1918 Western **