Tom Mix, à la Fox dans les années 20, c'était un peu le cowboy passe-partout. Une énorme vedette, dont l'authenticité souvent impressionnante des films (Décors naturels, grands espaces, et tant d'endroits encore préservés qui rendaient la triche de studio inutile pour qui cherchait des endroits sauvages) contrastait cruellement avec le côté fabriqué de son personnage: grand chapeau, costume exagéré, et bons sentiments érigés en médaillon inamovible... Mais Tom Mix a tourné pour Ford!
Rappelons qu'en 1923, le grand metteur en scène (Qui signait ses films "Jack" Ford, préférant le diminutif à son pseudonyme pourtant copié d'un auteur de renom) n'a pas encore réalisé The iron horse, le film qui allait faire de lui un auteur remarqué; il est arrivé à la Fox en 1920, et s'est vu confier des tâches qui tournaient autour du western: Just pals, son premier film Fox, par exemple se situe dans une petite ville qui pourrait très bien être une ville de l'Ouest après la pacification. De même pour The village blacksmith, quand à Cameo Kirby, il raconte les aventures picaresques d'une fripouille sur les bateaux à aube du Mississippi... North of Hudson Bay appartient à cette veine, confrontant le Cow-boy Tom Mix aux grands espaces du Grand Nord...
Michael Dane (Tom Mix) se rend vers le nord de la baie D'Hudson, où il envisage de retrouver son frère Peter (Eugene Palette). Mais avant l'arrivée du petit frère, Peter est tué. On accuse son partenaire Angus McKenzie, mais celui-ci jure être innocent du crime. La punition de ces pionniers est une marche forcée, sans arme ni moyen de subsistance, dans la nature: Angus va pourtant y survivre, et il est secouru par Michael... Le problème, c'est que selon l'usage, toute personne qui porte secours à un condamné à la "piste de la mort" doit désormais s'y soumettre lui aussi...
Michael Dane déjouera tous les pièges, et sauvera du même coup son ami Angus, ainsi que la jolie Estelle McDonald (Kathleen Key), une jeune femme qu'il a rencontré au début. Certes, le script passe-partout est particulièrement mélodramatique, mais il a la qualité de permettre à Ford et Mix de faire exactement ce qu'ils voulaient faire: tourner un film en liberté, dans la neige, au milieu des montagnes et des rapides! Et il y a des loups, et les tribus Indiennes locales (Du Nord, oui, mais celui de la Californie, j'imagine) sont venues prêter main forte à l'entreprise... Un bon bol d'air, pour des images saisissantes... Mais il y a aussi, dès le début, une scène domestique qui montre comment maman Dane s'apprête à dire adieu à son deuxième fils: une scène qui se répétera de film en film, et qui montre un attachement viscéral du metteur en scène à l'idée de famille, aux racines.
On regrettera évidemment que ce film de cinq bobines n'ait pas été conservé en entier, même si l'intrigue telle qu'elle est aujourd'hui, resserrée sur quatre bobines, fonctionne encore. Mais, et il est toujours le moment de le rappeler, si on a aujourd'hui récupéré environ 25 films muets de John Ford, dont certains sous la forme de fragments, combien manquent encore à l'appel?