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19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 16:40

Léonce Perret n'a pas séjourné longtemps aux Etats-Unis (6 ans, entre son arrivée en 1917 dans le but de produire sur place des films patriotiques, et son retour en France en 1923 pour y tourner Koenigsmark), mais il y a tourné un certain nombre de films, en toute indépendance. Parmi ceux-ci, ce formidable petit mélodrame qui concentre en 70 mn tout ce qu'il faut de plans tordus et d'images sensationnelles, grâce à un recours (lointain) à un classique du roman à suspense: The woman in white, du précurseur génial William Wilkie Collins. Dans ce roman Anglais, un homme fait la rencontre surréaliste d'une femme en blanc, qui semble totalement déboussolée. De cette rencontre, il déduira une affaire trouble d'usurpation d'identité, le tout dans une intrigue étalée avec gourmandise sur plusieurs centaines de pages. Perret retient la femme en blanc, dans une scène située... à la fin. Quant aux machinations, elles nous sont détaillées en ordre chronologique, en partant (presque) du début...

John Bent (Warner Oland) est un petit escroc sans envergure. Il fait la rencontre d'une jeune femme, Daisy (Mae Murray), dont il découvre bientôt qu'elle est, à son insu, la fille disparue d'un magnat de l'industrie; mieux, il a découvert que Daisy est la jumelle de Violet, qui elle aussi ignore qu'elle a un double. Bent fomente un plan incroyable, qui inclut une substitution, un meurtre, un mariage, et au final, une richesse sans partage. Mais parviendra-t-il à ses fins en utilisant ses "pions jumeaux" du titre? Et le brave Bob Anderson (Henry G. Sell), qui aime Violet, le laissera-t-il faire?

Pas facile, quand on ne dispose que d'une copie aux intertitres en flamand, et de résumés dénichés sur internet, et pas tout à fait conformes au déroulement du film, de reconstituer l'intrigue... Mais le film, sans jeu de mot, est d'une grande clarté: et le parti-pris de suivre non pas en priorité les héros "positifs", mais bien la canaille, interprétée avec une grande retenue par Warner Oland, joue en plus en la faveur du film, qui garde jusqu'à aujourd'hui son pouvoir, disons, choquant! La mise en scène est complètement adéquate, et comme Perret n'a pas oublié de savoir traiter la lumière et l'ombre, il fait passer une foule d'émotions, de mystère, par la seule utilisation de l'éclairage, qui est formidable de bout en bout.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1919 Léonce Perret