Dans ses films Solax, du nom de la compagnie qu'elle avait fondée avec son mari Herbert Blaché (Elle signait d'ailleurs Guy-Blaché et c'est sous ce nom qu'elle est aujourd'hui connue aux Etats-Unis), Alice Guy a souvent fat la preuve de l'importance de la femme, que ce soit dans le couple ou dans les sentiments (Ses comédies en font la preuve) ou dans tout autre domaine; et ce film, souvent montré dans les festivals, et exemplaire à plus d'un titre, on voit bien quelle forme ça peut prendre: le comportement d'un homme avec sa femme aura des conséquences importantes sur la façon dont il va s'intégrer.
Le film, à sa façon, est une comédie: en Europe centrale, Ivan est un paysan rustre, et particulièrement violent avec son épouse. Ils rencontrent des candidats à l'immigration qui les persuadent de se joindre à eux pour aller aux Etats-Unis. Une fois arrivés, Ivan va recevoir d'un certain nombre de citoyens Américains, qui désapprouvent son comportement, des leçons d'Américanisme... Jusqu'à le révéler comme ce qu'il est au fond (mais alors bien au fond...), c'est à dire... un brave homme.
Dès le premier plan, qui montre Ivan confortablement installé dans une charrette avec un fouet pour entraîner sa mule... et sa femme, on comprend ou ça va. Et c'est vrai que la caricature d'immigrant n'est pas tendre. Mais après tout, Alice Guy était elle-même une immigrante, et elle savait exactement de quoi il retourne: le décalage entre le vieux monde et le nouveau, elle connaissait. Raison de plus pour prendre avec philosophie et humour un film qui en profite, mine de rien, pour fustiger un comportement rétrograde de l'homme vis-à-vis de la femme, qui est non seulement rétrograde, mais en 1912, probablement partagé par plus d'Américains que le film ne le laisse entendre. Sous couvert d'éduquer avec humour, le film condamne une vérité. Une vérité toujours présente aujourd'hui...