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11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 09:07

Si on juge un metteur en scène à son premier film (Ce qui n'a rien d'idiot, après tout: prenez Welles et Citizen Kane!) Sonnenfeld apparaît définitivement comme celui qui ne fait rien comme tout le monde, avec une oeuvre extravagante et totalement burlesque, dont les censeurs, et autres maniaques du classement logique, ne doivent pas savoir quoi faire: le mauvais goût y est omniprésent, élevé glorieusement au rang d'ingrédient essentiel. Le comportement psychopathique de ce petit monde, et son installation au coeur de notre société sont la clé d'une histoire de toute façon impossible. Bref, c'est du cinéma qui joue à fond son rôle de ne pas refléter la réalité, et le fait avec un humour féroce et permanent.

...Et très drôle: le grand mérite de Sonnelfeld, qui le fera aussi après tout pour son Men In Black, c'est d'avoir aussi bien repris l'univers existant de Charles Addams, auteur des cartoons originaux, et de la série télé cheap des années 60, que créé sa propre vision en extrapolant tous les aspects les plus variés de ces personnages. Et tous les systématismes du film deviennent de précieuses pépites: les talents les plus multiples (Danse, escrime) de Gomez Addams (Feu Raùl Julia), sa manipulation des langues latines, les phrases en deux temps de Morticia Addams (Anjelica Huston) qui assènent en permanence la différence entre la famille et le reste de l'humanité, ou encore Lurch (Carel Struycken) et son allure tirée du monstre de Frankenstein.

Là où le metteur en scène a fait fort, c'est sans doute en confiant un rôle à Christina Ricci. Je pense d'ailleurs que c'est son meilleur! La jeune fille (Dix ans à l'époque) adopte instinctivement ce style de jeu absolument dépassionné qui sera la marque de fabrique du réalisateur, contrastant fortement avec le cabotinage phénoménal demandé à un des acteurs les plus excessifs au monde: Christopher Lloyd qui interprète le personnage de l'oncle Fester, ou du moins un imposteur se faisant passer pour lui...

Rappelons donc puisque je viens d'y faire allusion, l'intrigue du film: la très riche famille Addams, qui habite une immense et bien glauque maison, vit tranquille, absolument pas intégrée dans sa petite communauté, et chacun passant les journées à accomplir une série de tâches parmi lesquelles magie noire, torture, et autres bizarreries font toutes bon ménage. Les enfants jouent à se tuer mutuellement, et les adultes, Gomez et Morticia, s'aiment au point de se séduire en permanence, au mépris de ce qui les entoure. Mais il y a une ombre au tableau: le frère de Gomez, Fester, a disparu vingt-cinq années auparavant, pour ne jamais plus donner signe de vie, suite à une querelle. Un avocat véreux (Dan Hedaya) qui souhaite mettre la main sur la fortune des Addams, découvre un sosie (Christopher Lloyd, et un stratagème se met en place...).

Sonnenfeld souhaitait qu'il ne soit jamais clair si Lloyd était bien Fester, fin de donner à ce dernier une dimension plus mythologique, et sans doute afin d'asséner au spectateur l'idée que même si c'était un imposteur, la vie des Addams le séduisait tellement qu'il devenait son personnage! Cette impression reste un peu dans le film fini, mais peu importe: le film est une suite de décalages bouffons, de gags visuels et d'étrangetés parfois un peu inabouties, mais toujours extrêmement drôles. Et Sonnenfeld, qui était auparavant un chef-opérateur et non des moindres, s'est volontiers surpassé au niveau visuel: regardez de quelle façon il s'est débrouillé en toutes circonstances pour éclairer Anjelica Huston exactement comme si un rayon de lune lui éclaboussait le visage, et ce, en tout lieu et en toutes circonstances... bref, ne cherchons ni à la classer, ni à essayer d'y trouver de la logique et du raisonnable, et d'ailleurs, à quoi bon?

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Published by François Massarelli - dans Comédie Barry Sonnenfeld