Les intentions ne pouvaient pas être plus claires: personne, à Paramount, n'avait semble-t-il bougé le petit doigt pour se lancer dans une suite d'un de leurs films les plus populaires de la décennie, celui qui avait lancé une bonne fois pour toutes la star Valentino. Il est vrai que ses contrats successifs étaient plutôt pour des films uniques, et que le studio avait préféré jouer la diversité. Mais Valentino, devenu indépendant, a tout de suite après l'excellent The eagle (Clarence Brown, 1925) mis en chantier ce retour inattendu, en forme de séquelle téléphonée, un principe dont Douglas Fairbanks, en panne d'imagination lui aussi, venait de sacrifier avec Don Q, son of Zorro l'année précédente...
C'est désormais sous la bannière de la United Artists que Valentino se faisait distribuer, et le film tranche quand même volontiers avec le style de productions qu'ils mettaient sur le marché... The son of the Sheik est non seulement un retour à l'univers de The Sheik, mais aussi à un truc qui permet d'économiser des sommes importantes en ne construisant pas de décors: les dunes des déserts de Californie et quelques matte paintings du Sahara fournissent un désert Arabe d'illusionniste! Et l'intrigue revient à celle du premier film, permettant même de confronter Sheik et fils de Sheik! Pour information, dans ce nouveau film, on suit les aventures de Ahmed, fils d'Ahmed et Diana, un jeune homme impulsif, tout son père à son âge, qui tombe amoureux de Yasmin, une jeune danseuse d'origine Française qui voyage en compagnie d'une bande de fripouilles. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la bande exploite volontiers la jeune femme pour ses mauvais coups, aussi quand il lui arrive des ennuis, il met tout ça sur le dos de la frêle enfant, interprétée par Vilma Banky. Il faudra l'intervention de sa maman, toujours interprétée par Agnes Ayres (Qui avait pourtant pris une retraite très anticipée) pour que le fougueux jeune homme voie clair.
C'est ridicule, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne se prend pas au sérieux! C'était d'ailleurs le but, fournir de l'aventure au mètre, des décors exotiques, et bien sûr la marque de fabrique de l'acteur: son érotisme torride, ici représenté par une scène troublante, et qu'on ne retrouve pas dans toutes les copies: Ahmed a enlevé Yasmin, mais celle-ci n'est pas tout à fait consentante. Il la pousse vers le lit, et... il y a une ellipse. Comme dans le premier film, on joue ici avec l'ambiguïté du viol, mais en allant aussi loin que pouvait le permettre la censure. Les spectatrices de l'époque, paraît-il, s'y retrouvaient. On peut éventuellement s'interroger... Mais l'amour des tourtereaux, semble-t-il, est aussi pur que possible, donc on se dirige vers un happy end!
Voilà,un film donc inutile, dans lequel Valentino rebat les cartes en rappelant les caractéristiques fondamentales de son personnage. Ce n'est pas un grand film, loin de là, mais il possède quelques moments intéressants, dont la confrontation entre Rudolf et Valentino... la réalisation est adéquate mais appropriée... Et les scènes d'action, de chevauchées, de poursuite, sont jouées à fond cette fois,sans encombrer le film d'un discours lénifiant et vaguement raciste. Bref, et j'ai attendu quatre paragraphes pour l'écrire: ce n'est pas un Sheik sans provision.