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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 19:00

A sa façon, ce film est plus ou moins un remake d'un film de Rex Ingram, The Arab, qui était le premier film du metteur en scène à se situer dans le monde Arabo-Musulman. Je ne l'ai pas vu, et s'il existe effectivement des copies en circulation, ça reste un film rarement montré. Ce n'est absolument pas le cas de ce film réalisé à la MGM en 1933, par un vétéran chevronné, pas du genre à faire la chochotte sur un tournage, et avec la star du premier film qui fait son numéro habituel: l'exotisme de l'orient, un visage d'ange qui cache bien des choses, et une ou deux chansons pour qu'on entende son filet fluet de ténor... Je veux bien sur parler de Ramon Novarro, qui finissait quasiment sa carrière de jeune premier, avant de tomber dans l'oubli. Dommage d'ailleurs, car il retrouve ici un sens du second degré qu'il partageait dans les années 20 avec Rudolf Valentino. Novarro s'est beaucoup amusé dans le film, et ça se voit! Mais si aujourd'hui The Barbarian est très facile à dénicher, souvent montré sur TCM, et fréquemment montré comme un exemple particulièrement typique de ce qu'était la période pré-code, c'est sans doute plus pour Myrna Loy, qui elle était en pleine ascension...

Myrna Loy interprète Diana Standing, une jeune femme Américaine qui vient rejoindre son fiancé (Reginald Denny) en Egypte avant un mariage attendu, et que le jeune homme voit venir comme la récompense à tant de mois d'attente. D'ailleurs il passerait volontiers cette étape, mais étant Anglais, il se retient. Le jour de son arrivée, Diana devient la proie de Jamil (Novarro), un jeune escroc qui sous couvert de faire découvrir le pays à des touristes, tend à les mener en bateau voire devenir si indispensable qu'il devient très facile de leur soutirer de l'argent. Au grand désespoir de son fiancé Gerald, Diana mi-troublée, mi-amusée laisse Jamil occuper le terrain, jusqu'au jour où ça dérape.

Autant le dire tout de suite: le film est un documentaire fascinant sur l'état des lieux du racisme anti-Arabe en 1933... Mais à son corps défendant; l'intrigue, pour être clair, joue sur les deux tableaux en laissant les personnages d'Anglais qui accompagnent Diana faire toutes les remarques désobligeantes. Mais Diana a de sérieux préjugés: la peur du viol, notamment... qui s'avère d'ailleurs tout à fait justifiée dans l'intrigue du film.

Sinon, il plane sur ce film le spectre de la peur du mélange: Diana est attirée par Jamil, presque autant que lui est attiré par elle. Mais ce qui l'arrête, c'est cette sale impression de l'impossibilité du mélange de ce que les humains les moins intelligents appellent les "races"... Et pour permettre au film de se résoudre sans attirer toutes les foudres de la censure sur lui, il a fallu avoir recours à un stratagème: la maman de Diana était Egyptienne, apprend-on. Donc ça va, on peut y aller!

Le film se divise en deux parties. La première ressort de la comédie, avec l'omniprésence canaille de Ramon Novarro qui met souvent les rieurs de son côté. la deuxième concerne l'enlèvement de Diana, qui va subir toutes les avanies possibles, jusqu'à une tentative de mariage imposée. C'est cette partie qui est d'une part aussi proche d'un rêve, voire d'un fantasme (celui de Diana?) que possible, tout en jouant à fond la carte du film d'aventures exotiques...

Myrna Loy est fantastique, mais ça on le sait déjà... Elle porte ce film sur les épaules, qui sont comme chacun sait adorables, et qu'on aperçoit assez souvent dans le film du reste. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, mais vous avez ici une photo, c'est aussi un de ces films où une héroïne qui doit se laver de tout le sable du désert qu'elle a sur le corps, prend un bain dans une baignoire de rêve... une scène qui prolonge à la fois l'impression d'un songe, et celle d'assister au fantasme ultime d'une Américaine de 1933. Ce que confirme la fin, mais aussi l'interdiction du film, une fois le code de production qui régentait la censure en vigueur.

Il aurait de toute façon été impossible d'atténuer ce film en le coupant: il n'aurait pas duré plus de deux bobines.

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Myrna Loy Reginald Denny