
Ce film qui date de la dernière année du muet n'est peut-être pas le joyau de la couronne des années 20, mais il est quand même valable à plus d'un titre: d'une part, cette petite comédie sans prétention est l'un des deniers films majeurs (entendre par ce mot, produit par un studio important, en l'occurrence la First National, et avec en vedette une star notable) à avoir été retrouvés, sachant que ce genre de découverte sera désormais très rare compte tenu de l'utilisation de pellicule "nitrate".
Ensuite, la Warner, désormais propriétaire du film, a mis des moyens conséquents dans la restauration, ce qui est une excellente nouvelle; enfin, il y a Colleen Moore, dans un rôle qui n'est plus de son âge, mais on s'en fout: elle est une 'flapper' qui tombe amoureuse de son patron, et celui-ci, interprété par Neil Hamilton, la met à l'épreuve car il doute de sa moralité.
Colleen Moore peut ainsi s'en donner à coeur joie et passer d'une émotion à l'autre avec une virtuosité qui laissera pantois, et comme elle est, rappelons-le, une ancienne danseuse, elle joue de son corps avec une aisance peu commune y compris à l'époque du muet. Elle a un rôle qui la rapproche beaucoup de Clara Bow qui avait triomphé dans un personnage assez proche (It, Clarence Badger, 1927), mais on peut aussi penser à la jeunesse dorée incarnée par Joan Crawford dans Our dancing daughters en 1928... Seiter n'est pas Lubitsch, mais il fait bien son boulot, et la splendide copie est une autre bonne nouvelle. Le film est typique de l'approche du cinéma Américain dans ces années du "jazz age": on montre la jeunesse, tout en lui donnant une leçon de savoir-vivre. Notons que le père du héros, sensé incarner la docte sagesse, s'avère finalement un peu plus sensé que son fils... Mais un peu trop pragmatique pourtant! Prenant acte du fait que son fils fricote avec une employée de son magason, il la licencie sur le champ...
"Jazz age": ça mérite peut être un rappel en forme d'explication: en ces années 20, faites de contradictions, d'une part des pères-la-pudeur ont eu la peau de l'alcool et d'autre part la débauche est devenue un sport national. C'était le rôle des stars, Clara Bow, Joan Crawford ou Colleen Moore, d'incarner un juste milieu: des filles qui aiment faire la fête, mais sans pour autant s'abîmer dans la luxure: c'est tout le sujet de ce film, justement...
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