
Succès oblige... Toutefois, on ne prend pas exactement les mêmes et on ne recommence pas tout à fait... Si l'équipe, au fond, présente une certaine continuité (Jacques Robert au scénario, Maurice Fellous à la photo et bien sûr Lautner à la réalisation), seuls Paul Meurisse et la femme fatale Elga Andersen reviennent pour cette suite. Et à la Bretagne essentiellement nocturne qui servait de cadre au premier film, Lautner a substitué cette fois ci le sud de la Corse. Ce qui renforce l'impression d'être dans un film encore plus personnel de Lautner, car soyons juste: il l'aimait, sa Méditerranée!
Lautner, justement, fait ici quelque chose d'inattendu: il interprète un officier SS dans un prologue qui donne le ton; en apparence sérieuse, cette introduction est du grand n'importe quoi, et ne fait que nous embrouiller. Et le film part aussi dans cette direction, autour d'un hypothétique trésor caché par une troupe de soldats nazis tous décimés, sauf un... Qui est courtisé par tous les gouvernements de la planète. Pour la France, c'est le commandant Dromard, désormais accompagné d'un fidèle soldat, le sergent Poussin (Robert Dalban qui entamait une lonue collaboration avec Lautner, après leur premier film commun, inévitablement Le monocle noir). Sinon, il y a des Russes, des Anglais, des... des quoi, d'ailleurs? Tout le monde s'allie avec tout le monde, tout le temps, et bien tous ces gens se doublent et se descendent les uns à la suite des autres. Il y a Maurice Biraud, en intellectuel (Parfois assis, mais il lui arrive aussi de marcher, voire de nager) dépassé par les événements, alors qu'à un point il est le seul à connaître la cachette du trésor... Et il y a de purs moments déconnatoires dans lesquels l'impassibilité de Paul Meurisse ne fait qu'envenimer l'impression grandissante d'un film totalement loufoque: il faut avoir vu l'immense acteur shakespearien se livrer avec tant de rigueur à un twist endiablé. Il faut aussi voir de quelle façon Lautner dépense son énergie pour mettre au point une mort violente aussi baroque que possible: cette fois, c'est à travers un filtre de couleur et le bras gauche d'un contrebassiste qu'on essaie de tuer quelqu'un. Sic.
Je suis sûr que ce pauvre Colonel Rémy (Ancien résistant, créateur du personnage, un homme qui a probablement autant d'humour que le militaire moyen) n'a rien vu venir quand il a écrit un argument pour ce film! Un peu longuet toutefois, ce deuxième "Monocle" consacre le style "policier détourné" du premier, en allant encore un peu plus vers la parodie. On sait ce qu'il y a au bout de ce cheminement... Le terminus des prétentieux.