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27 septembre 2017 3 27 /09 /septembre /2017 16:41

De même qu'il convient de savoir commencer une carrière, la fin est importante... bien que je ne sache absolument si Hawks savait que ceci serait son dernier film. Il a quand même du voir les signes un peu partout: le cinéma n'en finissait pas de muter dans tous les sens, et les genres populaires tentaient de se raccrocher à tous les wagons possibles et imaginables, pendant que les auteurs laissaient progressivement la place à des jeunes réalisateurs turbulents... Pas de place pour un vieux réalisateur certes indépendant, mais aussi particulièrement marqué à droite, dans le cinéma Américain des années 70... c'est d'autant plus paradoxal que nombreux sont les petits nouveaux qui d'une manière ou d'une autre se réclameront de son cinéma: Eastwood, Bogdanovich, Carpenter, Milius, tous l'ont dit ou fait comprendre à un moment ou à une autre.

Donc Rio Lobo est le dernier film de Hawks, et donc son dernier western et bien sur son dernier auto-plagiat. Pourtant, quiconque s'endormirait avant la deuxième heure aurait bien du mal à retrouver ici les schémas de Rio Bravo et El Dorado: on y vient tardivement. D'abord, il y a un long prologue poussif durant lequel le Colonel Cord McNally (John Wayne) qui commande une unité Nordiste durant la guerre civile, se fait rouler par une troupe sudiste, mais réussit à triompher d'eux et les faire prisonniers. Ils va se lier avec deux d'entre eux, le Capitaine Cordona (Jorge Rovero) et le Sergent Phillips (Chris Mitchum). Et à la fin de la guerre, ils vont s'allier: d'une part les deux sudistes vont aider le vieux colonel à mettre la main sur deux traîtres de son bataillon, et de son côté, le colonel va leur prêter main-forte pour aller se mêler des exactions malhonnêtes d'un propriétaire terrien qui s'est allié à un shérif corrompu, dans le conté où vit le sergent Phillips...

Et c'est là que les vieilles tambouilles ressortent: autour de Wayne, juste parmi les justes, on retrouve une troupe de bras cassés, avec beaucoup de femmes dont certaines tiennent un discours féministe, tel que Hawks le voyait (Exactement le même que celui des hommes), un vieux porté sur la boisson (Cette fois c'est Jack Elam), un bellâtre (Cordona est d'origine Louisianaise et Mexicaine, donc il drague à tout va), un dentiste rapide de la tenaille... Tout ce petit monde passe son temps à soutenir des sièges et à balancer des bourre-pifs à une troupe ennemie, comme au bon vieux temps de Rio Bravo, et on boit environ une bouteille de whisky frelaté toutes les dix minutes. La partie consacrée au conflit fratricide est hallucinante de stupidité (En gros, c'est un peu de sport dans les bois, et beaucoup de chevalerie, et non un conflit grave de civilisation impliquant de l'esclavage!): les hommes y passent en une minute trente d'ennemis à meilleurs amis du monde... Hawks tente bien de rafraîchit la situation en faisant de ceux qui sont supposés faire la loi les méchants, et en multipliant les personnages féminins, plus une scène de nudité gratuite à la mode 1970, mais on patine, on patine... Hawks aurait-il dû prendre sa retraite? Ce film n'ajoute rien à sa légende, et est constamment mou du genou. Quant à Wayne, il fait vingt-cinq ans de plus que son âge, et c'est pathétique.

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Published by François Massarelli - dans Western Howard Hawks John Wayne