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8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 09:27

Début des années 70, à Tripoli: le commandant Bloch, un agent des services secrets Israéliens poursuivi par un certain nombre d'agents Lybiens, se réfugie dans l'ambassade de France. Le commandant Mercier (Robert Dalban), chef militaire du lieu, trouve un moyen de l'exfiltrer: une valise diplomatique dans laquelle l'espion pourra se glisser, le temps d'un voyage inconfortable sous la responsabilité de Georges Augier, un capitaine des services de renseignement Français (Michel Constantin). Tout irait bien, s'il n'y avait... une grève qui cloue justement les avions au sol ce jour-là, une bombe devant l'ambassade, et surtout une femme (Mireille Darc) qui involontairement, va apporter aux deux hommes des tonnes d'ennuis, d'imprévus, et surtout des raisons de se chamailler en permanence, pendant qu'ils sot coincés en terre Arabe: Lybie, Egypte ou Tunisie, on voyage finalement pas mal dans La valise...

Depuis Le Pacha, Lautner n'a pas travaillé avec Audiard et a tenté de nouvelles collaborations. En 1971, il a pour la première fois écrit un film avec Francis Veber, et bénéficié du concours de Mireille Darc, sa muse, mais aussi plus paradoxalement de Michel Constantin, l'éternel second rôle. Je pense que Constantin, sans vouloir lui faire injure, est un peu la trace du fait que le metteur en scène aurait voulu travailler avec Ventura sur ces deux films... Quoi qu'il en soit, Veber inaugure son cycle d'alliances entre des gens qui ne devraient pas passer de temps ensemble, qui fera sa fortune! Car très vite il s'avère que Augier et Bloch, malgré la similarité de leur profession, n'ont pas grand chose à se dire, et même plus: Augier est très Français, donc à la moindre occasion il la ramène contre les juifs... de son côté, Bloch n'est pas en reste, et se plaint d'une grève trop intempestive, en râlant "C'est bien les pays Arabes, tiens!"; au fur et à mesure de son déroulement, le film est de moins en moins un film d'aventures (d'autant qu'il devient mécanique), et de plus en plus une comédie de caractères dans laquelle Lautner et Veber fustigent le racisme international. Le final, après tout, leur permet de liguer trois hommes (Français, Israélien et un Egyptien joué par Amidou) autour d'une cause commune, représentée par Mireille Darc, et qui passe par une folle envie de tout envoyer balader...

Donc, si on peut remarquer un thème commun avec La grande sauterelle, au moins on a devant nous une comédie. Pas forcément toujours de la plus grande subtilité, mais l'association Marielle-Constantin est de bon aloi. Et l'équipe s'amuse: le film commence par une grosse surprise: un western, doublé en arabe, se déroule sous nos yeux. C'est un film qu'un couple regarde à la télévision, à Tripoli, et tout à coup la réception ne fonctionne plus: c'est que sur le toit, l'antenne a été bougée par le Commandant Bloch qui essaie d'échapper à ses poursuivants; c'est sans doute la seule scène "baroque" du film, pour lequel dans l'ensemble Lautner y va plutôt sobrement... Lautner s'en est toujours expliqué: il a confié le tournage du "western" à la deuxième équipe, dirigée par Robin Davis. Mais pour revenir à La Grande Sauterelle, ce film a à mon sens l'avantage de passer par la comédie, plutôt que d'offrir une méditation mal foutue sur le besoin d'évasion et d'exil. ...tout en offrant une vision d'une alliance inattendue entre les frères ennemis humains. Mais le film, rattrapé par l'actualité inquiétante du Moyen-Orient, commence par un avertissement: tout ça, c'est pour rire, ce n'est pas de la politique. Hélas, ça fait longtemps qu'on a fini de rigoler...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Georges Lautner