
Tout vient à point... Porky Pig n'était auparavant qu'un faire-valoir, mais ce film le consacre en tant que héros. Héros paradoxal, bien entendu, celui d'un film dans lequel par ailleurs Tex Avery continue à faire la preuve de son talent inné pour... installer, maintenir et développer une histoire, mais oui: il commence dans la tradition des grands films Warner de la période, par montrer sans introduction préalable les exactions d'un poseur de bombes, puis assène quelques couvertures de journaux afin d'enfoncer le clou. Puis nous le suivons dans l'antre du monstre, qui prépare un attentat... C'est bien sur un terroriste de dessin animé, donc il a une cape et un chapeau noir et il rit comme un dément!
Mais nous rejoignons ensuite Porky Pig, nettement plus défini que dans Gold diggers of '49, qui bave d'envie devant des desserts glacés qu'il n'aura jamais les moyens de se payer. A moins qu'il ne trouve un stratagème, comme par exemple le fait d'aider les passants, qui en échange lui donnent des pièces. Suivant cette logique, il s'avise qu'un homme avec une cape noire a déposé une bombe devant un immeuble, et croyant que c'est un réveil il tente de la restituer à son propriétaire.
Jusqu'à ce moment, c'est impeccable mais sans ce grain de folie que nous avons pris l'habitude de chercher dans les films Warner du réalisateur... mais quand le poseur de bombes se retrouve systématiquement face à un cochon un peu simplet, qui lui rapporte sa bombe partout où il va, le précédant parfois, et bien sur doté du don d'ubiquité, on se retrouve devant la première incarnation d'un gag qui ne manquera pas d'être repris et raffiné... Déjà, Avery a envie de dynamiter son propre univers. Il ne tardera pas à le faire pour de vrai.