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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 13:02

A en croire les premières scènes, avec ce rythme sacralisé, calculé et entièrement basé sur la démarche de père tranquille de Jean Gabin (Moi, mes hommes, mes femmes, mes potes, mon resto, mes soirées), on aurait presque l'impression d'assister à un de ces films qui jouent sur l'ambiguïté de la vie de gangster: parce que ces messieurs les hommes ont quand même la belle vie, non? On sort, on drague, la fidélité n'a pas l'air d'être si importante, on vit toute une vie parallèle aux caves, en somme. Et on fait des affaires avec efficacité et savoir-vivre...

Max (Gabin) et son meilleur pote Riton (Son ami, à la vie à la mort, certains disent même son compagnon la nuance est importante mais je ne relèverai pas - il est interprété par René Dary) viennent en douce de faire un coup fumant et ils laissent aller le temps que ça s'oublie: 50 briques à eux deux, et douze lingots qui attendent bien gentiment dans un coffre d'une voiture, quelque part dans paris. Personne d'autre qu'eux ne le sait, et dès que ça se sera calmé ils empocheront le magot et  raccrocheront.

Sauf que non: Non, la vie ne sera pas tranquille pour eux, et non, ils ne raccrocheront pas, parce que Riton, c'est un sentimental, et il a parlé à sa petite amie Josy (Jeanne Moreau)... Et Josy, elle connaît d'autres hommes, dont le Gangster Angelo (Lino Ventura), l'étoile montante du trafic de cocaïne, un domaine par trop moderne auquel Max ne connaît, lui, pas grand chose... Et Angelo ayant les dents qui rayent le parquet, il ne va pas se laisser arrêter par les convenances...

Un requiem, encore, comme celui "pour un con" de Lautner et Audiard, mais tourné dans un style aussi épuré que possible, sans fioriture aucune. Le dialogue est fleuri, ça oui, mais totalement authentique, j'hésite à écrire 'fonctionnel' tant ça pourrait paraître insultant: ça ne l'est pas, les hommes et les femmes parlent ici un argot authentique, mais surtout complètement naturel. Et personne ne la ramène, jamais. Le code l'interdit, d'une part. Et d'autre part, on comprend très vite que l'enjeu, dans ce monde codifié dont les codes sont de moins en moins respectés, c'est tout bonnement la survie. Certains, d'ailleurs, ne survivront pas. Ceux qui resteront devront alors faire bonne figure... Et repartir de zéro.

C'est magnifique. Pas un gramme de glamour, pas un milligramme de graisse, Touchez pas au grisbi est en France le film définitif sur le sujet, digne de figurer à côté de Scarface (De Hawks, bien sur, pas la version Coca-cola de Brian de Palma), ou Public Enemy. C'est aussi un des rares grands films de Gabin une fois la guerre passée (Soyons juste, aux côtés de French Cancan, L'air de Paris, Voici le temps des assassins, ou même Le pacha cité plus haut) et en prime l'un des rares très gros succès de Becker.

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Published by François Massarelli - dans Noir Jacques Becker