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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 10:32

Revenir au western, pas une mauvaise idée: d'une part, contrairement à ce qui se passait au début des années 30, le genre a enfin réussi à redécoller, et le public marche. Et puis pour l'éternel showman qu'est DeMille, c'est une occasion de sortir tous ses atouts: histoire épique, décors grandioses, destins plus grands que nature, et gros sabots... Le tout mâtiné d'une influence certaine de John Ford, mais aussi d'un bon gros fond d'idéologie: la "destinée manifeste" souvent présente dans ses films, de Unconquered à ...The greatest show on earth.

Le destinée manifeste: c'est ce sentiment quasi-religieux qui naît dans l'Amérique entreprenante du 19e siècle, selon lequel les Etats-Unis auraient été créés justement pour s'étendre. Ce serait donc le destin de tout Américain de vouloir aller toujours plus loin vers l'ouest, et accomplir la mission divine. Bien sûr que c'est une vaste connerie, et bien sûr que ça justifie le vol des terres, les conflits territoriaux, et par dessus le marché le génocide des Amérindiens! Mais c'est aussi une sorte d'épiphénomène du progrès. Et ça n'a rien d'exclusivement Américain: le premier colonisateur venu qui a posé les pieds en Algérie ne pensait pas autrement.

Bref: un western, situé dans le cadre de la construction de la ligne de chemin de fer... La compagnie Union Pacific doit rejoindre la Central Pacific, l'une construisant l ligne depuis l'est, l'autre depuis l'Ouest. Le "général" Dodge, mandaté par Washington, est l'autorité bienveillante qui supervise la bonne marche des travaux, et il est assisté d'un homme droit et loyal, Jeff Butler (Joel McCrea). De son côté, le banquier Barrows qui a intérêt à ce que Union Pacific soit en retard, s'assure les services d'un bandit, Sic Campeau (Bryan Donlevy) assisté d'un 'gentleman de fortune, Dick Allen (Robert Preston). Leur mission est de tout faire pour retarder l'avancée du chantier. Mais d'une part Dick Allen et Jeff Butler sont amis. Et d'autre part ils vont vite tomber amoureux de la même femme, la jolie Irlandaise Mollie Monahan (Barbara Stanwyck).

Déjà, Stanwyck dans un western, on réserve sa place... Et si le film doit beaucoup (mais alors beaucoup) à The iron horse, et à son atmosphère épique, DeMille n'est pas Ford, et son sentimentalisme n'est pas de la même eau. Chez lui, c'est factice, et c'est évidemment l'aspect le plus irritant du film. Mais c'est aussi le seul, car si une fois de plus le showman n'a pas fait dans la dentelle, il faut bien avouer que ce Union Pacific de 135 minutes est un show; un western avec tout ce qu'on attend d'un western, à une époque où on redécouvrait le genre à la faveur des contours esquissés par John Ford avec Stagecoach. Bref: on s'amuse, on se distrait, et tout finit bien... Et c'est sans doute le meilleur film parlant de son auteur!

 

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Published by François Massarelli - dans Western Cecil B. DeMille Barbara Stanwyck