
Fred Madison (Bill Pullman), saxophoniste, vit un quotidien sans relief, on sent bien qu'il est maussade. Il est jaloux, et semble soupçonneux de la conduite de son épouse Renee (Patricia Arquette). un matin, il reçoit un message qu'il ne comprend pas: quelqu'un lui dit, via l'interphone, qu'un certain Dick Laurent est mort...
Mais il reçoit aussi des cassettes vidéo, envoyées anonymement, qui prouvent que quelqu'un s'est introduit chez eux pendant la nuit et les a filmés... Jusqu'à ce qu'une cassette contenant une scène de meurtre n'arrive à leur domicile...
...Puis Fred est arrêté pour le meurtre de son épouse, puis condamné à mort. Parallèlement, il commence à être victime de fortes migraines... Un jour il disparaît, et à sa place on trouve le petit délinquant Peter Dayton. Libéré, il est sous surveillance policière, et ne comprend rien à ce qui lui est arrivé. Mais très vite, des événements vont arriver qui vont lui faire oublier cette déconvenue: en particulier le fait que un mafieux local et producteur de porno va se prendre d'amitié pour lui, mais surtout la petite amie de ce dernier, un sosie de Renee Madison (Et actrice de porno de son état), va le séduire. Le nom du mafieux? ...Dick Laurent.
Ne cherchez pas à comprendre au sens classique du terme. L'intrigue n'a pas de logique possible, juste une série de variations, avec une structure symétrique, d'ailleurs beaucoup plus rigoureuse qu'on ne pourrait le croire au premier coup d'oeil. Et surtout, Lynch plonge dans le film noir jusqu'au cou, mais pas celui des années 40 et 50: on est plutôt dans le néo-noir, un sous-genre des années 80 dans lequel se sont illustrés aussi bien Michael Mann, que Jonathan Demme et David Fincher. Et d'ailleurs, au niveau esthétique, c'est assez refroidissant. La bande son qui entremêle un jazz ultra-libre (c'est à dire volontiers hirsute et dissonant), et David Bowie, Marilyn Manson et Rammstein, participe aussi à établir une distance ironique vis-à-vis du film.
Pour finir, si j'aime le côté puzzle de Lost highway, aussi impossible à finir que celui de La vie mode d'emploi de Perec, je dois dire que je ne souscris pas à l'esthétique de porno chic, le côté policier cathodique du samedi soir, même si tout cet amas de clichés distillés sert sans doute à montrer une certaine vision ironique de la masculinité, celle d'hommes, jeunes ou vieux, qui finissent toujours par avancer en pleine nuit, à tombeau ouvert, sur l'autoroute qui les mène sans doute vers l'enfer.