
Le film commence exactement comme le précédent, avec une galerie des déguisements de René Navarre, alias Fantômas. Sauf que... cette fois, on y ajoute aussi les différents déguisements de Bréon, alias Juve, le limier qui s'attaque au redoutable bandit. On pourra d'ailleurs constater que contrairement à sa réappropriation tardive par Louis de Funès dans les films de André Hunnebelle, le Juve de Souvestre, Allain et Feuillade, interprété par Edmond Bréon, est un excellent policier, pas un inspecteur Clouseau d'occasion! Et s'il est arrivé au terme du premier film à la conclusion personnelle qu'il lui faudrait, à lui et à son ami Fandor (Georges Melchior), tout faire pour contrer le génie du crime, ce film nous montre précisément les effets de cette décision. Et donc, comme le bandit, les justes vont mentir, se déguiser, dans un mélange des genres qui rend le film policier si satisfaisant.
Au début de ce film en quatre parties (Dont les titres sont on ne peut plus évocateurs: La catastrophe du Simplon-Express; Au crocodile; La maison hantée; L'homme noir), on commence à entrer dans le vif, dans la légende de Feuillade: le metteur en scène nous montre Juve et Fandor payer de leur personne, se séparant l'un pour suivre un apache, l'autre pour suivre une jeune complice des bandits (Yvette Andreyor): la poésie infinie des poursuites en voiture dans un Paris qui n'a pas encore été envahie par les véhicules à moteur, dans des images largement volées par les opérateurs Gaumont est toujours aussi efficace plus d'un siècle plus tard. De même, la soudaine fusillade, sur les quais de scènes, à laquelle se livrent les bandits de la bande de Fantômas sur Fandor et Juve, est-elle un grand moment d'évasion garantie!
Tout le film en fait, semble étirer l'univers de Fantômas tel qu'il a été établi par le premier film, en y ajoutant du sensationnel cinématographique. Le meurtre au python, les hommes en noir et masqués, les coups de théâtre... Tout y est, dans un deuxième volet qui fait plus que de prolonger le plaisir: il le ravive. Et grand inventeur de forme, Feuillade s'amuse avec ses situations, qui influenceront grandement Fritz Lang: une scène d'attaque dans un train resservira par exemple pour son film sans doute le plus dans la lignée des Fantômas: Dr Mabuse, der Spieler.