
Joe (Phillips Smalley) et Ann (Lois weber) se plaisent, se courtisent, et avec la bénédiction du père de la jeune femme, sa marient. Ils ne tardent pas à avoir un enfant, mais l'ennui s'installe pour la jeune femme... Qui commence à recevoir la visite d'un monsieur de la ville. Celui-ci la séduit, et elle abandonne son mari et sa fille pour suivre le citadin et vivre enfin la grande vie... Jusqu'à ce que l'âge aidant, sa beauté se fane.
Ce mélodrame très cruel que la fin ne parvient pas à adoucir, est une oeuvre de jeunesse du tandem Smalley-Weber (Puisque c'est dans cet ordre qu'on les présentait à l'époque), donc de Lois Weber. Ils sont essentiellement acteurs, mais il est envisageable que non seulement Weber ait fourni le script, mais qu'en prime elle l'ait réalisé C'est l'hypothèse de l'historienne (Spécialiste de Weber) Shelley Stamp... Longtemps pourtant, le film a été attribué à Edwin Porter, mais Porter était un vétéran en 1911, et dès 1915, il allait prendre sa retraite. Quel que soit le metteur en scène, c'est un film court mais soigné, dans lequel chaque scène est un plan soigné et complet, qui nous permet d'avancer dans une intrigue claire et linéaire. On s'intéresse à la fois au destin cruel de la femme qui a cru pouvoir échapper à la routine (largement influencée par Emma Bovary, et les costumes pointent aussi vers la période du roman de Flaubert), et au fatalisme de ceux qui restent (le mari, qui va bien tôt perdre l'enfant). Les éclairages sont étudiés, et chaque scène possède son histoire intrinsèque. On est devant un cinéma qui a cessé d'être primitif, mais n'est pas encore tout à fait moderne...