
Elmer Finch (W.C. Fields) est un homme usé par le temps, mais surtout par son épouse et le grand fils de celle-ci (dont un intertitre nous annonce qu'Elmer n'est pas responsable). Il a une fille, mais elle aussi souffre du remariage, et par dessus le marché le parfois très distrait Elmer est maltraité à son boulot où on le prend pour une andouille certifiée premier choix. Jusqu'au jour où, suite à un enchaînement d'événements, Elmer se fait hypnotiser (mais oui!), se prend pour un lion, et... règle ses comptes dans une scène de furie dont nous admettrons, nous qui avons vu le début du film, qu'elle est particulièrement légitime...
C'est un petit film particulièrement sympathique, à la croisée des univers de La Cava et Fields. Celui-ci n'a pas écrit l'argument cette fois, mais on y retrouve de nombreux éléments qui renvoient à ses scripts: notamment l'amour filial et exclusif pour une fille d'ailleurs adorable (Mary Bryan). Et il y est question des Américains moyens, saisis dans leur médiocrité embarrassante...
Comme souvent avec les comédies de Fields, celle-ci prend un peu trop son temps dans l'exposition, mais assume ensuite avec beaucoup de drôlerie un comique qui n'est pas que visuel, étrangement: il est parfois... verbal: on voit distinctement le comédien hurler 'I'm a lion' par exemple, et les intertitres sont parfois drolatiques: il convient par exemple de savoir que toute la ville parle, dans le film, d'un bal organisé le samedi à venir par le Lion's club; ce qui donne l'occasion à une voisine de glisser à Mrs Finch le commentaire suivant: "Quel dommage que votre mari ne soit pas un lion; vous passeriez un très bon samedi soir". Je pense que, compte tenu des personnalités facétieuses du metteur en scène et de son comédien, le double sens y est volontaire.