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6 juin 2018 3 06 /06 /juin /2018 21:35

Janvier 1969: après leur coup d'éclat de 1967 qui a redéfini la musique et leur double album de 1968 qui a à la fois rappelé les quatre individualités présentes dans le groupe, et révélé les failles dans la formation, les Beatles sont au bord de l'implosion. Sentant la fin proche, Paul McCartney décide de prendre la direction des opérations, et persuade les autres de le suivre dans un projet triple: revenir sur scène, et répéter un nouveau répertoire dans ce but; filmer les répétitions et l'enregistrement live des nouvelles chansons; et enfin, sortir à la fois un film et un album pour reprendre le dessus. Un plan qui ne débouchera que sur une immense frustration et une séparation inévitable. Toutefois, le disque et le film existeront, finalement, le titre passant de Get Back à Let it be, et ce sera le dernier acte des Beatles en tant que groupe actif, avant une dissolution très compliquée...

Le film ne raconte que le périple de janvier 1969, sans aucune explication. Les Beatles s'installent dans des répétitions supposées apporter une certaine relaxation, mais qui s'avèrent vite tendues: le leadership de McCartney est à la fois arrangeant pour les trois autres qui refusent de prendre la direction des opérations, mais aussi très dérangeant pour eux, qui tous souhaitent maintenant voler de leurs propres ailes. Et en même temps que le groupe, Yoko devenue l'ombre de John Lennon, s'installe avec eux, comme elle l'avait fait pour l'enregistrement de l'album The Beatles en 1968. Le temps de studio nous est montré comme un prolongement des séances de répétition, le groupe suivant une règle absolue: celle de n'enregistrer qu'en direct: du coup un grand nombre de chansons en gardent un caractère brut, pour ne pas dire brouillon. Enfin, les Beatles montent sur le toit de l'immeuble d'Apple (au sous-sol duquel le studio a été construit) pour leur premier concert depuis 1966, et leur dernier aussi: une prestation d'une vingtaine de minutes, sans prévenir, et qui va tout à coup inonder la vile de chansons inattendues.

C'est sans doute ce coup fumant, disponible intégralement, qui fait le prix de ce documentaire souvent embarrassant, qui nous montre des Beatles peiner à retrouver le feu sacré, jouant des chansons pas très bonnes pour un album qui allait devenir le pire de leur carrière. Mais le concert en lui-même, entrecoupé de la réaction ingénue des gens du quartier qui commencent à se masser dans la rue en regardant le ciel; éberlués, sauverait presque l'entreprise par son côté enfantin, un canular géant, qui révèle que les Beatles ont, finalement, même au bord de la rupture, des ressources insoupçonnées. Mais ils ne le prouveront définitivement qu'à l'été, lors de l'enregistrement d'Abbey Road

Bon, même si l'ennui pointe un peu trop souvent le bout de son nez dans ces 80 minutes, l'intérêt historique, et l'audace pour le groupe de géants que sont les Beatles, d'avoir sorti ce film, preuve qu'ils étaient faillibles, méritent au moins le respect.

...A moins qu'il ne s'agisse d'inconscience.

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Published by François Massarelli - dans Musical