
1924: Né à la mi-novembre, Thomas Ince (Cary Elwes), producteur et réalisateur en difficultés financières, n'aurait sans doute pas dû accepter l'invitation de son ami William Randolph Hearst (Edward Herrmann), qui avait décidé de lui offrir une croisière et du bon temps pour ses 44 ans. En compagnie de Charles Chaplin (Eddie Izzard), Marion Davies bien sûr (Kirsten Dunst), de la romancière Elinor Glyn (Joanna Lumley), de l'actrice Margaret Livingston (Claudia Harrison), et de la journaliste Louella Parsons (Jennifer Tilly), qui travaille pour Hearst, l'auto-proclamé inventeur du western s'est finalement dit qu'il y avait du business à faire à partir d'une telle opportunité: afin de persuader le vieux magnat de la presse de faire alliance avec lui, Ince est prêt à commettre une vilenie spécifique: révéler à Hearst que sa petite amie Marion a des vues romantiques sur le serial lover Chaplin...
Ce n'était pas une bonne idée, puisque Ince mourra trois jours plus tard: comment et pourquoi, c'est ce que ce film prétend nous dire, maintenant comme nous le fait remarquer Elinor Glyn, narratrice, les versions sur cet accident qui n'a jamais été élucidé, les rumeurs et les hypothèses sur la mort du producteur, sont nombreuses, et aucun des rares témoignages qui y font allusion ne semble en recouper totalement un autre. Alors un conseil, si vous voyez ce film: n'y accordez pas le moindre crédit...
On connait Peter Bogdanovich l'expert qui n'a pas son pareil pour faire du name-dropping une discipline olympique: "la dernière fois que j'ai vu Orson, nous avons parlé de M. Ford avec lui, et...". Je pense que l'une des motivations pour lui dans ce tournage était de toucher du doigt l'ombre de Welles... Mais on ne va pas se mentir: Peter Bogdanovich n'est pas Orson Welles.
Alors ce film distrayant, sans plus, situé sur un bateau où de fort raisonnables comportements timidement orgiaques (on aperçoit, me semble-t-il, un joint et une poitrine ostensiblement dénudée) est surtout intéressant pour des bribes: le comportement de Hearts en effet, ou l'idée de faire de Marion Davies autre chose qu'une actrice sans talent (merci, Kirsten Dunst, enfin, de rendre à cette grande actrice un hommage appuyé) valent le détour. Le numéro impeccable de Joanna Lumley (sait-elle faire autre chose qu'être excellente?) est formidable... Mais Chaplin? Vraiment Chaplin? Et représenté en artiste déboussolé, moqué par tous, et consumé d'amour pour une femme qu'il n'aura pas eue, sans véritable idée de ce qui lui arrive... C'est douteux. Ca sert le film, remarquez, parce qu'il fait bien le dire: ces 109 minutes ont parfois bien besoin d'un remontant pour qu'on s'intéresse à elles.