
La soudaine rencontre de deux mondes que tout oppose, c'est particulièrement en France la source fréquente de comédies. Et en ce début de 21 e siècle, on ne va pas s'étonner d'y trouver justement une intrigue liée à la rencontre des contraires de la société d'aujourd'hui, les jeunes de la banlieue d'un côté, les favorisés de Neuilly de l'autre. C'est une comédie, j'insiste sur ce fait car j'imagine que les critiques sont nombreuses à l'égard d'un film qui prend le parti de la légèreté...
Samy Ben Boudaoud (Samy Seghir) et sa mère Nadia (Farida Khelfa) vivent à Chalon-sur-Saône, dans une cité. Ils sont seuls depuis que le père de Samy, fan de football, a fait un infarctus pendant la finale France-Brésil de la coupe du monde de 1998 (ce qui a provoqué pour Samy un rejet total du football, et une haine farouche à l'égard de Zinedine Zidane...). Mais si elle veut s'en sortir, la maman doit accepter un travail sur un bateau; elle doit donc confier son fils à sa famille, et la seule famille qui lui reste, c'est sa sœur Djemila (Rachida Brakni), qui est la brebis galeuse de la famille : elle s'est mariée à un industriel du porc, Stanislas de Chazelle (Denis Podalydès), qui a deux enfants. Samy vient donc vivre chez sa tante, à Neuilly sur Seine, et va donc devoir composer avec un changement d'établissement scolaire (d'un collège de banlieue et de province, vers un collège Catholique et privé de Neuilly), un changement d'environnement, un changement de famille surtout : sa « cousine » Caroline (Cloé Coulloud), qui aime voir son père en difficulté, s'accommode fort bien de ce cousin exotique, mais Charles de Chazelle, qui a le même âge que Samy, n'accepte absolument pas la présence à la maison de cette « racaille » (ses propres termes) qui vient contrecarrer ses plans d'une carrière politique dans l'ombre gigantesque de son immense mentor, Nicolas Sarkozy...
Mieux vaut en rire, après tout... Certes, ce n'est pas fin, tout ça, et le scénario de cette petite comédie, en dépit d'un nombre impressionnant d'écarts de langage, tous justifié, confine à la première production Disney venue (rencontre entre deux mondes, bouderie, conflit, solidarité, réconciliation et félicité absolue au final)... Mais c'est parfois drôle, sans forcer nécessairement vers le décalage ou le « déjantage » cette sale manie ; et à l'heure où la méfiance inter-communautaire tourne de plus en plus à l'affrontement, où l'islamophobie regagne du terrain, on a envie d'une petite bulle de gentillesse. Y compris à Neuilly.