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2 août 2018 4 02 /08 /août /2018 18:42

C'est la deuxième fois que Wes Anderson s'attaque à un long métrage d'animation, après Fantastic Mr Fox: ce grand succès de 2009 avait prouvé qu'il était inutile de s'étonner de voir un réalisateur de longs métrages en «live-action» faire le grand saut. Après tout, Anderson est sans doute l'un des plus éminemment visuels de tous les metteurs en scène en circulation, et son style géométrique, sa marque de fabrique, s'accommode particulièrement bien de l'animation en volumes.

Oui, c'est une fois de plus un film d'animation à l'ancienne, avec des petites poupées en plastique ou en plasticine, qui sont animées dans des décors «en dur» installés dans un studio. L'animation est excellente, on pourrait certes la trouver un peu raide, mais c'est le style d'Anderson qui veut ça... le plus surprenant, dans ce film adapté d'une idée originale du metteur en scène, c'est le parti-pris de situer ça, en intrigue comme dans la forme, au Japon...

En 2035 environ, Megasaki, une municipalité imposante du Japon est entre les mains du maire Kobayashi, un homme qui a la phobie des chiens. Il a décidé d'exiler les animaux, supposés amener des maladies, sur une île située au large, et qui est totalement jonchée d'ordures. Nous assistons aux aventures d'une troupe de chiens, tous ou presque nostalgiques de leur vie passée, au contact des humains. Ils reçoivent une visite inattendue, celle de Atari Kobayashi, le propre neveu du maire, à la recherche de son ancien garde du corps, un chien valeureux qui répond au nom de Spot... Les cinq chiens, dont Chief, chien errant sans grande amitié pour les humains, vont l'aider à travers l'île et ses pièges...

D'un côté, on retrouve tout l'univers de Wes Anderson, avec ces groupes faits d'associations inattendues, ces personnages qui croient cacher des blessures qui se voient comme le nez au milieu de la figure, et qui tous trouvent en une destinée héroïque bizarre, une sorte d'épiphanie. Certains trouveront aussi l'amour, bien sûr... Le burlesque naît ici de la juxtaposition d'une composition immobile, et de ces conversations décalées entre des chiens (qui tous portent un nom de leader: Rex, King, Chief, Duke...) dont la plupart trahissent une tendresse profonde pour l'humanité... Et on se demande bien pourquoi!

Oui, car tout le film est vu du point de vue des chiens, et le langage s'y adapte: on nous prévient au début du film que les aboiements des chiens ont été traduits en Anglais, alors que les humains parlent systématiquement leur langue maternelle, donc majoritairement le Japonais. Certains procédés internes à l'histoire permettent d'obtenir des traductions, mais pour l'essentiel, on n'en a pas besoin: la gestuelle est éloquente, et de toute façon ce qui doit faire sens dans le film provient des chiens, et des chiens seuls. On ne s'étonnera donc pas du fait que les voix de ces animaux soient fournies par rien moins que Jeff Goldblum, Bill Murray, Edward Norton ou F. Murray Abraham...

Mais ce dispositif particulier pousse le film dans une direction inattendue : la présence courante de sous-titres Anglais internes, qui accompagnent l'action, ou qui soulignent eux-mêmes l'omniprésence du texte sous la forme d'idéogrammes qui prennent toute la place, donne l'illusion qu'on est devant un artefact Japonais authentique, ce que la musique superbe d'Alexandre Desplat (Qui cite aussi la bande originale des Sept samouraïs, tant qu'à faire) renforce particulièrement...

Et le miracle s'accomplit : le style de Wes Anderson est là, et bien là, sans qu'on puisse s'y tromper. Son mélange de burlesque froid et de géométrie, plus tendre peut-être que d'habitude, parce que même si ce film ne s'adresse pas particulièrement aux enfants, il n'en reste pas moins que c'est un film d'animation, et la cruauté n'est pas de mise. C'est le neuvième long métrage d'Anderson, et une fois qu'on s'est adapté à son aspect visuel très particulier, c'est le neuvième sans faute.

 

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Published by François Massarelli - dans Wes Anderson Animation Arf!