
Un couple d'amoureux aimerait bien changer l'avis du père de la demoiselle qui leur refuse le mariage. La jeune femme a une idée (vaguement saugrenue quand même): on va simuler une attaque de la maison par un vagabond, et devant la mise en danger de sa fille, le père est sûr de changer d'avis. C'est bien entendu le garçon qui jouerait le vagabond. Sauf que deux authentiques clochards ont tout entendu, et se disent que l'occasion est trop belle pour la laisser passer: ils enlèvent le jeune homme et l'un d'entre eux prend sa place et peut profiter des largesses de la maison...
Ce qui, vous en conviendrez, ne me semble pas plus sensé qu'à vous, mais ce n'est pas trop grave: ces premiers temps du cinéma regorgent d'histoires dans lesquelles les clochards, vagabonds et autres bohémiens sont les protagonistes de contes tous plus ou moins délirants, et Griffith, par exemple, n'était pas en reste (et ce dès The Adventures of Dollie en 1908). Ce qui motive ici Alice Guy est bien sûr la comédie bourgeoise et non le commentaire social! La comédie, justement, profite chez Alice Guy de deux petite révolutions: l'une est cette envie de tout situer dans les maisons des protagonistes, et de prendre parti de développer une situation au lieu de faire reposer ses effets comiques sur une poursuite ou une accumulation de grotesqueries diverses, et l'autre est bien sûr d'avoir rapproché la caméra. Nous sommes devant des comédies qui sont, de plus en plus, à visage humain...
Et si je n'ai pas la moindre idée de qui peut bien être cet acteur qui compose un vagabond haut en couleurs, je dois dire qu'il me fait beaucoup penser à un autre comédien, Britannique celui-là, qui n'était pas encore arrivé aux Etats-Unis: Sidney Chaplin, le frère de. Ils partagent le même goût pour les gestes apparemment anodins, destinés à rester dans les coulisses, profondément idiots, mais aussi très drôle. Charles en était avare, préférant subordonner ses gestes à son personnage, mais Sidney adorait ça..;