
L'une des plus récentes découvertes du canon Méliès est ce film de 1902, dont une copie nettement plus longue que le fragment dont on disposait à été trouvé dans un ensemble de copies léguées à la Cinémathèque Française. Et pour couronner le tout, la copie était en couleurs d'époque, un atout devenu rare...
Cela étant dit le film n'est pas sans défaut, il témoigne de la tendance occasionnelle de Méliès à se reposer sur ses lauriers, et à refaire sempiternellement les mêmes choses sans pour autant renouveler son fonds de commerce: donc l'intrigue linéaire est ici relatée sans grands efforts si ce n'est l'habituelle ingénierie de dispositifs pour figurer en studio une île déserte, et tous ses ingrédients. Et le traitement de Vendredi et de tous les "Sauvages" (il est fort pénible d'entendre le boniment qui accompagne le film, bien entendu) est assez effrayant.
Mais il en est de Méliès comme tous ceux de son temps. Qu'il raconte Dreyfus ou Jeanne D'arc, Cendrillon ou Robinson, il adaptait sa narration à l'histoire racontée et donnait à voir à ceux qui souhaitaient faire ce prolongement une illustration fascinante et constamment inventive graphiquement, de livres, contes, et autres récits, dont on ne savait pas en 1902, qu'un jour, on pourrait peut-être faire la fine bouche devant certains d'entre eux. Et rien que pour ça, réjouissons-nous qu'un "nouveau" Méliès ait été sauvé, ou en tout cas allongé, car la copie à disposition de Lobster n'est bien sûr pas complète.