
Fin décembre 1928, le film a été présenté et a été instantanément un triomphe: qu'on en juge: une année et quelques mois après The Jazz Singer de la Warner, la compagnie Fox pouvait se vanter d'avoir accompli une prouesse: un film 100% parlant, tourné en nombreux décors naturels et en son direct! Une obsession du studio, qui avait expérimenté sur plusieurs courts et moyens métrages avec les aléas du tournage parlant en extérieurs, et qui ne s'arrêterait pas là: The big trail (1930) est une épopée pour en témoigner.
Alors, Cummings ou Walsh, Walsh ou Cummings? Au départ, c'était le grand Raoul qui non seulement devait diriger le film, mais aussi interpréter le rôle du "héros" Cisco Kid. Quand il a eu un accident qui lui a d'ailleurs coûté son oeil, il a été remplacé par Cummings et le rôle a été repris par Warner Baxter. Maintenant, le film entier porte sa marque, à travers un certain nombre d'éléments: le picaresque, incarné ça et là par des acteurs qui sont ses copains (J. Farrell McDonald dans la séquence d'ouverture, James Marcus: tous deux composent des silhouettes de quidams inoubliables); les références à New York à travers le personnage de Edmund Lowe; et une multitude gags ethniques, références aux Irlandais, Chinois, Italiens, et Hispaniques qui peuplent l'Ouest de Walsh...
Cette histoire de bandit au grand coeur, trahi par la femme qui l'aime mais qui s'en sort au prix d'un grand sacrifice, n'a bien sûr pas un gramme d'intérêt, et on en oubliera très vite les contours. Quand au reste, il remplit le contrat du film: ça parle. pas très bien, et les accents de Dorothy Burgess et Warner Baxter donnent envie d'abattre le troupeau, mais le public de 1928 a du être conquis! Reste la curiosité d'un film situé dans les grands espaces aux confins de Monument Valley et qui nous fait entendre les sons des chevaux, coups de feu et autres diligences. Le cinéma devait sans doute en passer par là.
11 années plus tard: Stagecoach.

