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9 juin 2019 7 09 /06 /juin /2019 09:59

Ce livre paru cette année est le résultat d'une enquête minutieuse, voire gourmande: en effet, de Maurice Mariaud, cinéaste Français (1875-1958), contemporain des Feuillade, Fescourt et Perret, on ne savait jusqu'à présent pas grand chose. La faute à qui? Peut-être partiellement la sienne, remarquez: le bonhomme, qui a quitté le cinéma au début des années 30 après avoir été acteur et scénariste-réalisateur, n'était pas du genre à se laisser enfermer dans un moule, et a travaillé pour beaucoup de compagnies, et pris des chemins de traverse. Et il a laissé une empreinte diffuse et originale, mais presque légendaire sur son chemin: certains se rappelaient de lui (Musidora, par exemple) quand d'autres n'avaient tout bonnement pas la moindre idée de son existence: Henri Langlois, pour commencer, ne le connaissait pas, ce qui en dit long quand on connaît la légende du fondateur de la Cinémathèque Française!

Frédéric Monnier, dont Mariaud était incidemment l'arrière-grand-oncle, s'est intéressé à lui de la façon la plus objective qui soit,, et en a tiré un portrait attachant, et aussi complet que possible, tout en montrant une nouvelle vision d'une époque fascinante mais mal connue du grand public: cet âge de formation du cinéma Français, quand un artiste pouvait du jour au lendemain passer d'un rôle d'acteur à celui de réalisateur sur un film, réaliser une grosse production (un Tristan et Yseult de 1920 qui posa de nombreux problèmes, un chapitre passionnant à lire!) puis devenir persona non grata dans un studio auquel il aura tant apporté. Adepte d'une conception méthodique de l'histoire du cinéma, l'auteur a soigné son livre, qui est une véritable enquête, basée sur des archives impressionnantes: car Maurice Mariaud ne s'est pas contenté de passer d'un studio à l'autre (Gaumont, Le film d'art, Phocéa, Nalpas...), mais s'est en prime retrouvé, à l'heure où d'autres (Perret, Capellani) partaient pour les Etats-Unis, l'un des pionniers du cinéma Portugais!

Et cet itinéraire pour reprendre le titre, est largement illustré d'extraits d'ouvrages nombreux, de critiques d'époque et de témoignages vivants des acteurs même de l'épopée: du moins, tous ou presque, sauf un: car Maurice Mariaud n'a pas laissé de témoignage, d'article ou d'interview. Tout au plus quelques lettres, citées ça et là. Tout se passe comme si la presse l'avait ignoré, à une époque il est vrai où le métier de faiseurs de films échappait à tant de personnes... C'est dire si le travail qui consiste à raconter son histoire a du être difficile. Et pourtant elle est là, et avouons-le, elle est rendue plus passionnante encore par le fait de la rareté des documents, et... celle des films! Car ce livre nous rappelle aussi que les films de Maurice Mariaud sont pour une très large part disparus, incomplets, ou invisibles... Du coup, cette reconstitution d'un parcours devient une indispensable renaissance d'un artiste qu'on va enfin pouvoir remettre à sa place. Et pour commencer, réintroduire dans l'histoire du cinéma, qui s'est jusqu'à présent contentée de citer son nom... ou pas: en faisant le lien avec la partie connue de l'histoire de ces années (Feuillade, Perret, la Gaumont, des témoignages cités d'Abel Gance, de Jean Epstein ou Henri Fescourt), Mariaud devient enfin plus qu'un nom.

Non seulement c'est bien documenté, et c'est écrit avec rigueur, mais aussi une certaine verve, mais en prime Frédéric Monnier a tenu à recouper, prouver, montrer le doute occasionnel quand il s'agit d'attribuer la paternité d'un film, par exemple. Il se base sur les recherches des quelques historiens qui ont cité Maurice Mariaud, et nous dit si le doute subsiste: une vraie démarche d'historien qui ne cherche pas à noyer le poisson! Le livre est richement illustré: les nombreuses photographies nous permettent d'approcher les films, qu'ils soient encore existants, ou non. Tout ça donne furieusement envie de voir les films qui restent...

Et justement...

Le livre, et c'est la cerise sur le gâteau, comme on dit, est édité en compagnie d'un DVD qui contient quatre films, deux courts et deux longs métrages de Maurice Mariaud, tous intéressants et bien sûr tous mentionnés dans le livre. Une sélection pensée pour ratisser au plus large : rien de chez Gaumont (une période symboliquement illustrée par la présence du film Au pays des lits clôs (1913) dans le coffret Gaumont: le cinéma premier, volume 1), mais un film Phocéa de 1919, un film Portugais de 1923, et deux longs métrages: Mon oncle de 1925, et Le secret du cargo, le dernier film Français de Maurice Mariaud, sorti en 1929.

Voici un lien pour se procurer ce voyage en forme d'enquête dans le passé du cinéma:

http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100222630&fa=details

 

 

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Published by François Massarelli - dans Maurice Mariaud