
Ce film, un court métrage de deux bobines tourné au Portugal, est basé sur un tableau de José Malhoa, dont Maurice Mariaud a extrapolé une intrigue, assez simple, qui lui permet de montrer un aspect de la vie à Lisbonne dans les années 20. Il est dominé par le réalisme, et certaines scènes, tournées dans un café, ne sont pas sans nous rappeler Fièvre, de Louis Delluc, tourné à la même époque, ou même pour changer totalement de continent, un film rare mais dans lequel le metteur en scène utilise une ambiance assez proche pour re-transfigurer une oeuvre d'art existante: Fultah Fisher's boarding house, de Frank Capra (1922). Un pur hasard, à n'en pas douter...
Un forgeron quitte le foyer familial pour se rendre dans un cabaret où il dispute les faveurs d'une femme à un chanteur de fado. Celui-ci va ensuite oeuvrer dans l'ombre pour pousser la famille de son rival à venir le chercher. La principale victime, dans le film, reste bien sûr la femme, réduite à sa condition après avoir vécu une nuit de répit dans son destin...

Le film est court, assez sobre, sans doute parce que le but du cinéaste est de donner un contexte à un tableau : celui-ci est « reproduit » à la fin du film, nous montrant le musicien à droite, et la femme désormais soumise à son destin, à gauche, dans une position très recherchée... C'est un travail concentré autour de cette situation finalement assez simple, qui vaut surtout par son naturalisme marqué. Maurice Mariaud s'y révèle un observateur de l'humain, attaché aux détails : la façon dont il plante le décor pour mener à la représentation du tableau, le voit utiliser tous les aspects possibles : les visages, les objets (la mandoline, bien sûr), les vêtements...
Venu au Portugal à la demande de producteurs locaux qui souhaitaient vraiment faire démarrer une authentique production locale, il est sans doute assez paradoxal de voir ce sujet si iconique de la culture Portugaise (le fado est un genre musical exclusif au pays) illustré par un cinéaste Français. C'est une miniature, avec ses qualités mais aussi ses limites. Mais elle donne envie de voir les autres films Portugais du réalisateur, dont ses Gardiens de phare (1922), un long métrage qui a été conservé...
On peut voir O fado , en compagnie de trois autres films, dans le DVD qui accompagne la biographie de Mariaud par Frédéric Monnier, éditée par l'AFRHC (Association Française de Recherche sur l'Histoire du Cinéma) :
http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100222630&fa=details
