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8 juin 2019 6 08 /06 /juin /2019 09:35

Sawyer Valentini (Claire Foy) est une jeune femme dynamique;, amoureuse de son travail, sans aucun doute extrêmement individualiste et farouchement indépendante: une battante, certes. Mais une battante qui sait qu'elle a un problème... Elle a quitté Boston pour partir s'enterrer ailleurs, pour fuir un fou furieux, qui a décidé qu'elle lui appartenait, et qu'elle croit dangereux. Et lors d'un contrôle de routine auprès d'une conseillère-psychologue, Sawyer se voit tout à coup empêchée de rentrer chez elle, et va désormais vivre dans une institution psychiatrique, où elle n'a jamais désiré mettre les pieds, et qui l'empêche de sortir. Plus grave, parmi les soignants, elle a reconnu son ennemi de Boston...

Comme dans The Snake Pit de Anatole Litvak, ce film est une plongée au quotidien dans l'univers de la psychiatrie, menée avec des flash-backs nombreux et qui structurent le film... mais très vite les questions affleurent: l'univers "sain" de Sawyer n'est pas logique, on a le sentiment, très vite, d'y déceler plusieurs univers possibles. Soderbergh nous montre en effet des indices de perturbation réelle de l'héroïne, et le fait dès le départ, dès la première scène. Les séquences de l'institution semblent d'ailleurs continuer ce procédé, et donner à voir de nombreuses possibilités de développement. Pour ne pas tout révéler, dans certaines possibilités, Sawyer est, effectivement, séquestrée sciemment. Dans d'autres, elle est effectivement confrontée à son "stalker"... La question qu'il fait se poser devant le film, qui triche en permanence bien sûr, c'est dans quelle mesure il est possible que tout ce qui arrive à Sawyer (son infernal problème avec un fou dangereux, son burn-out, mais aussi sa séquestration et bien sûr etc) soit en fait combiné, partiellement vrai... ou pas du tout.

Soderbergh joue avec notre perception dans un film qui est surtout là pour ajouter une nouvelle réflexion sur le pouvoir de la mise en scène, celle du réalisateur autant que des personnages. Elle est intéressante. Mais il souhaitait aussi retourner au thriller avec une contrainte simple: filmer avec la plus petite équipe possible: Peter Andrews, l'authentique double du cinéaste, a en effet tourné avec un portable... Il en résulte un film délibérément direct, un tournage qui se joue de la contrainte, et un art de la mystification qui impressionne. Le film aussi, mais une fois de plus c'est par la capacité à se fondre dans les codes d'un genre, les subvertir, jouer avec le public et le retourner comme une crêpe que Soderbergh épate. C'est un peu gratuit? Ca oui. Je terminerai quand même par dire à quel point Claire Foy est excellente, et ce n'était pas facile: elle est l'une des nombreuses qualités de ce film étrange, profondément inutile, mais qui est une nouvelle déclaration d'amour au cinéma et à sa capacité à expérimenter.

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Published by François Massarelli - dans Steven Soderbergh