
Dans une histoire qui mélange sans vergogne l'histoire (la fin des guerres Indiennes aux Etats-Unis alors que l'Ouest est progressivement "conquis" et le progrès continue de s'étendre) et la légende (les comportements chevaleresques et pionniers de quelques hommes qui réussissent à voir les excès d'un comportement raciste et décident de changer les choses), on retrouve un peu du grand Raoul Walsh de They died with their boots on... mais un peu, parce que a genèse de ce film a du être difficile, pour plusieurs raisons: Walsh n'est définitivement plus tout jeune (même s'il n'a que 77 ans) et à l'heure où les western n'en finit plus de subir des mutations, il a fallu plusieurs producteurs à se succéder autour du projet...
Frais émoulu de West Point, le lieutenant Hazard (Troy Donahue) arrive à Fort Delivery en Arizona afin de participer à la réalisation du rêve d'un homme qu'il admire, le général Quait (James Gregory): mettre fin aux guerres Indiennes, en essayant de limiter les massacres, et en montrant une certaine décence vis-à-vis des populations Apaches... Parallèlement le lieutenant va aussi participer à un triangle amoureux: sur le point de se marier avec la nièce de Quait, Laura (Diane McBain), il tombe sous le charme de Kitty Mainwaring (Suzanne Pleshette), l'épouse du capitaine du bataillon...
Ca aurait pu, ou du, être une catastrophe, et parfois on sent la fatigue dans ce film situé entre deux époques, l'une (les années 50) où Walsh a donné les derniers chefs d'oeuvre de sa longue et glorieuse carrière, et l'autre (la fin des années 60) marquée par les protestations, les révolutions les plus diverses, et qui est pour le cinéma une ère de chamboulements stylistiques: ces derniers n'affecteront en rien le cinéaste, bien entendu.
Mais Walsh entend bien faire valoir ses points de vue, et cet éternel insatisfait a son mot à dire sur la fin du XIXe siècle et la façon dont le gouvernement Américain a liquidé les affaires Indiennes... Il le montre ici plus qu'il ne le démontre. Et son film, avec ses défauts comme ses qualités, se situe dans une veine assez proche de celle de Cheyenne Autumn, mais en plus narquois que le film de Ford. S'il choisit de montrer la fin des conflits d'une façon positive, il en profite pour ironiser sur les politiciens, les pontes de l'armée et tant qu'à faire le progrès, en nous montrant un ministre (Kent Smith) incapable d'utiliser un téléphone avec aisance pour communiquer avec le président Chester Arthur.
Et puis, le metteur en scène, s'il a filmé ici des Apaches de pacotille, a au moins la double satisfaction de finir sa carrière sur un western et de le faire en Arizona, dans des décors grandioses et chers à son coeur, où il peut une dernière fois orchestrer les charges avec le talent qui avait tant impressionné David Wark Griffith lui-même...


