
Un jeune éboueur sourd (Claude Maki), intrigué par une planche de surf toute cassée qu'il a trouvée en faisant son métier, devient un sportif de haut niveau, en particulier grâce au soutien sans faille d'une jeune femme (Hiroko Oshima) qui le suit, l'accompagne, et le conseille. Mais est-elle devenue sa petite amie?
Kitano s'est clairement fixé comme mission de donner sa version à lui d'un film de Keaton, en dirigeant Claude Maki et Hiroko Oshima comme dans un film muet, et en limitant au maximum leurs réactions. Par ailleurs, le choix de faire du héros un sourd permet de justifier la pénurie de dialogues , qui n'a rien de gênant au contraire. Ils sont excellents, et surtout elle, qui a la charge de devoir à la fois ne pas en faire trop, et d'incarner la partie réactive du couple...
Ce qui est gênant, par contre, c'est que l'intention est d'être pleinement contemplatif: cet adjectif qu'on n'utilise en cinéphilie que pour ne pas dire "lent", reprend pourtant tout son sens quand il s'agit de s'arrêter et de se contenter de regarder. Mais bien souvent, ce que nous devons regarder nous spectateurs, ce sont les acteurs qui regardent, et c'est là que le bât blesse. Car si il y a bien du surf, nous devons souvent avaler le fait que le jeune héros devient effectivement un champion de surf, mais les images ne nous le disent pas du tout. Le choix de l'austérité et d'un cinéma sans rythme, me paraissent valides, mais le metteur en scène, dans le registre de ne pas en faire assez, en fait trop...

