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On pouvait faire confiance au cinéma Danois pour montrer la voie à suivre, en ces temps lointains... Ceci est en effet l'un des tous premiers longs métrages de l'histoire du cinéma, en même temps qu'un des films les plus importants d'une tendance qui va durer quasiment jusqu'à l'aube des années 20, et se prolonger parfois au-delà...
L'histoire concerne une jeune femme (Ellen Dietrich) qui se voit offrir une position comme dame de compagnie, mais c'est un piège tendu par un réseau de "traite des blanches", bref un système de prostitution. Une fois arrivée à Londres, et alors que sa famille ne reçoit plus de nouvelles d'elle, elle va aller d'aventure désastreuse en enlèvement de dernière minute... Car pendant ce temps, une amie d'enfance qui a flairé l'entourloupe a engagé un détective valeureux (Lauritz Olsen)... Pendant ce temps également, sa famille est rongée par l'angoisse...
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Le sujet était déjà l'objet d'un film qui a obtenu un immense succès, sous le même titre, et réalisé pour le compte d'une petite société par Alfred Cohn. Devant l'engouement pour cette histoire sordide, la compagnie Nordisk a sans aucun scrupule décidé de le plagier... On peut comparer le film de Blom à 6 mn de fragments du film de Cohn, et on voir à la fois les similarités et la supériorité évidente du deuxième film...
Aux Etats-Unis, on n'avait pas encore trouvé la parade pour parler de prostitution dans les films, et ce long métrage aux péripéties de serial allait donner l'impulsion: puisqu'on ne peut pas en 1910 ou 1911 représenter la prostitution (d'ailleurs le terme est prohibé, et on se cache alors derrière le plus évasif d'esclave dans la "white slave trade"), autant montrer les contours: les moyens rocambolesques déployés par les bandits pour mettre une femme en confiance puis les façons de l'enlever, les hommes qui gravitent autour des cercles de prostitution et qui montrent de diverses façons leur désir de s'approprier une de ces femmes, etc...
Le film va plus loin que ses suites futures, sans doute victimes d'une censure de plus en plus tatillonne: ainsi, l'héroïne est-elle souvent en grand danger de devoir effectivement laisser les hommes, visiteurs du bordel clandestin où elle est prisonnière, disposer d'elle, et ses "collègues", pour leur part, sont manifestement aguerries, et ne semblent pas se plaindre de leur sort. Une dimension qui disparaîtra dès le deuxième opus, également dirigé par August Blom. Par contre, le deuxième film reprendra aussi un truc innovant qui fera beaucoup parler de lui, et qui voit ici l'une de ses premières utilisations: le split-screen, dans lequel l'écran est divisé en trois sections pour enrichir la narration.
