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18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 11:07

Un clochard amoureux, Roland (Albert Dupontel) saisit une opportunité en or: un policier qui vient de mettre fin à ses jours a laissé derrière lui un uniforme. Comme les collègues du suicidé ne supportent pas que Roland franchisse la porte du poste de police (du moins volontairement), il se résout donc à utiliser le déguisement pour défendre la veuve et l'orphelin. Il commence donc par essayer de protéger les sans abris (ceux qui comme lui sont "enfermés dehors", dont Bruno Lochet, Yolande Moreau, Philippe Duquesne, Bouli Lanners,Terry Gilliam et Terry Jones) puis se concentre sur le cas de Marie (Claude Perron): celle dont il est amoureux parce qu'il dort pas loin d'une affiche qui promeut le sex-shop où elle travaille (elle était auparavant star du porno), et qui la représente de façon forcément aguicheuse. Bien sûr elle ne le connaît pas, mais il va quand même essayer de lui rendre justice: sa fille Coquelicot a été "enlevée" par ses grands-parents, les Duval (Hélène Vincent, Roland Bertin), qui désapprouvent le métier de leur belle-fille... Parallèlement, Roland apprend lors d'une conversation avec un "collègue" que le richissime Armand Duval-Riché (Nicolas Marié) est corrompu, et les deux affaires vont se mélanger dans son cerveau abîmé par la consommation de colle...

Ca a l'air de faire beaucoup, comme ça, mais il y a une grande logique derrière tout ça. C'en serait même simpliste, puisque si Dupontel a un peu commencé avec ce film à infléchir sa manière (plus tendre, moins méchante), il a quand même choisi de le situer dans un monde qui est vu au travers des yeux d'un enfant, même si cet enfant s'appelle probablement Bernie... Et d'ailleurs le parcours accidenté de Roland est de la pure bande dessinée. La première fois qu'on le voit, il est dans le fond de l'image, à sauter sur de vieux matelas, complètement shooté à la colle. Il rebondit tant et si bien qu'il atterrira vingt mètres plus loin... Donc tout ça n'est effectivement pas bien sérieux. 

C'est du dessin animé, bruyant et mal poli, dominé par les performances excessives et souvent réjouissantes: Nicolas Marié en sale type riche, mais qui a cette fois le privilège de pouvoir se racheter... Hélène Vincent, malmenée par son réalisateur, doit risquer sa peau en se suspendant dans le vide... Et Bruno Lochet se prend des parpaings dans la tête! La présence de Terry Jones et Terry Gilliam (je ne me lasse pas de l'écrire) dans une scène courte mais mémorable, ensemble, situe le film dans la tradition de la plus saine des bouffonneries, et la musique d'Alain Ranval (également connu sous le nom de Ramon Pipin) et le montage volontairement haché confirment cette tendance. 

Mais Albert Dupontel derrière l'excès et la comédie, a toujours une dent dure, et si tout est ici simplifié, on y voit quand même un clochard qui se substitue à la police dont il considère qu'elle ne fait pas son travail. Bien sûr son altruisme a de sérieuses limites, et il va finir par se concentrer (comme Amélie Poulain, tiens!!) uniquement sur le cas de Marie et de sa fille. Quand même, il y a une petite graine de justicier derrière ce grand méchant Dupontel, qui reste l'un des plus intéressants de nos cinéastes en exercice. Y compris avec ce petit film rigolo, où il mêle sa gouaille et un univers essentiellement visuel où on trouve même des bribes de Tati... Mais en avance rapide.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Albert Dupontel Terry Gilliam Terry Jones