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28 août 2019 3 28 /08 /août /2019 19:06

Un décor ultra-codifié, des personnages dérivés d'archétypes, une histoire réduite à l'essentiel, et des dialogues souvent réduits à leur plus simple expression... Le premier film de Sternberg de retour de l'expérience de Der Blaue Engel, surprend forcément. Comme peut surprendre le fossé considérable entre l'apparence brute, non raffinée, de sa star dans le film précédent, et sa toute nouvelle sophistication, où a été gommée l'apparente indifférence de Lola Lola vis-à-vis du monde...

Au Maroc, dans une petite ville, se télescopent plusieurs personnes autour d'un cabaret: un légionnaire (Gary Cooper) qui tombe toutes les femmes sans exception (y compris celle de son adjudant et ce dernier, on s'en doute, ne le prend pas très bien); un peintre Français, richissime admirateur des femmes des autres, mais qui a fait le voeu de rester à l'écart du mariage (Adolphe Menjou); enfin, une chanteuse de cabaret qui vient d'arriver et qui a un numéro basé sur une approche provocante et cynique (Marlene Dietrich). Les deux hommes, chacun à leur façon, vont tomber amoureux de la jeune femme, et...

On ne sera pas surpris: Sternberg a privilégié l'atmosphère sur les scènes de son film, et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le dialogue est à la portion congrue. Difficile de croire à ces situations qui semblent emprunter à toutes les images d'Epinal du film de légion (un genre très en vogue jusqu'à la fin des années 30), mais les personnages ont une tendance à nous attirer vers nous: y compris Marlene Dietrich, sauf bien sûr quand elle chante...

...Si on peut appeler ça chanter. Reprenons:

Si je regrette que le chloroforme qui a été employé pour créer L'ange Bleu (de tous les classiques obligatoires, probablement le film que je déteste le plus) tend à plomber la première partie du film, j'apprécie de quelle façon Marlene Dietrich, par l'implication personnelle de son personnage de plus en plus évidente au fur et à mesure du film, finit par le sauver. deux scènes, en particulier, quasi muettes, sont fantastiques: la fin, sur laquelle je ne vis rien dire puisqu'il paraît que ça ne se fait pas, mais aussi une très belle séquence où elle entend, d'un salon, les clairons de la troupe qui revient. Elle se précipite dehors, et dévisage absolument tous les légionnaires qui reviennent d'une bataille, longuement, remontant le flot des hommes blessés.

...Si ce n'est pas de l'amour fou, ça y ressemble drôlement. Quels que soient les défauts occasionnels de ses films, leur kitsch assumé, Sternberg n'a pas son pareil pour nous envoûter autour d'un amour sensuel, brutal, entier et profane, qui faisait furieusement tâche à Hollywood. Et comme en plus il le faisait dans le cadre d'un effort photographique inédit (même si Morocco n'est pas le mieux préservé de ses films), le cinéphile a de quoi en profiter.

Tant qu'ELLE ne chante pas.

 

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Published by François Massarelli - dans Pre-code Josef Von Sternberg