
En 1983, ça faisait combien d'années que l'équipe qui produit les Bond luttait pour la crédibilité de leur franchise? Sans doute depuis l'abandon du rôle par Sean Connery, la première fois... Et malgré des succès notables, Octopussy trahit une fois de plus une certaine incertitude.
Il y a trois ingrédients principaux qu'on peut répertorier dans les sept films interprétés par Roger Moore: un touche humoristique qui serait d'une infinie lourdeur si elle n'était véhiculée par l'acteur qui jouait Brett Sinclair, avec un dandysme pas très éloigné de celui d'un Cary Grant, d'abord. Ensuite, une perméabilité aux modes du moment, aux gadgets les plus bizarres et aux idées saugrenues (ici, un déguisement de clown, voire de crocodile, voire le fessier factice d'un cheval font tout ce qu'ils peuvent pour entrer en concurrence avec la pire des idées de saison que les Broccoli et consorts aient jamais eue: Moonraker) qui peut parfois plomber sérieusement les films. C'est surtout la deuxième partie d'Octopussy qui s'en alourdit. Enfin, l'inévitable action à la Bond, man-to-man, les orteils crispés dans les mocassins, le grand corps élancé en contrôle sur la rampe d'escalier... C'est la part de John Glen, qui n'aimait pas les gadgets...
Pour le reste, on peut argumenter que c'est un film soigné, on hésite à dire "distrayant", dans la mesure où c'est quasiment une évidence, même si parfois (Spectre, Moonraker, Diamonds are forever), c'est totalement raté... L'intrigue, durant le premier tiers, arrive presque à se laisser suivre avec un McGuffin plus qu'acceptable (des oeufs de Fabergé), mais... Le tiers final, en fait trop, beaucoup trop: ces clowns, ces acrobates, quand même: ça vire au n'importe quoi. Moore, impeccablement, se grime en clown et fait des bras d'honneurs: j'imagine que dans la mesure où le chèque venait... Sinon, signe des temps Reaganiens, l'ennemi est ici Russe. Pas le gouvernement, non, un mirlitaire auto-investi d'une mission... Bah.