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27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 16:40

Donc, Marion Davies ne voulait pas jouer dans des tragédies, surtout pas, et William Randolph Hearst ne voulait pas qu'elle interprète des comédies... Je ne sais pas de quoi ils pouvaient vraiment parler à San Simeon, quand le couple en venait à aborder les productions Cosmopolitan! Mais ils ont fini par trouver un terrain d'entente, puisque en 1922, When Knighthood was in flower était bien un film historique traité avec sérieux, dans lequel l'actrice injectait une solide dose de dérision! Le cas de ce film tourné l'année suivante par le vétéran Sidney Olcott, est encore plus flagrant: il montre que les compromis entre la star et son producteur-éditeur finissent par pencher définitivement en faveur de Marion... Tant mieux.

Au début du XIXe siècle, on nous présente la faune dorée de New York, un certain nombre de personnages d'ailleurs authentiques qui font la pluie et le beau temps à New York: l'ingénieur Robert Fulton, l'écrivain Washington Irving, ou le financier multi-tâches John Jacob Astor; c'est dans le cercle de ces éminences que l'on annonce le décès d'un ancien immigrant Irlandais, O'Day, dont le testament promet à son beau-fils le jeune et ambitieux Larry Delavan (Harrison Ford) une fortune. Sauf que ce n'est pas le cas: le défunt lègue en effet sa fortune à un neveu éloigné, Patrick. A charge pour Delavan de devenir le tuteur du jeune homme, s'il vient: car il vit en Irlande, auprès de son père et de sa jeune soeur: celle-ci, Patricia, est aussi flamboyante que ses origines le lui permettent! Mais Patrick est malade, et la famille O'Day, par-dessus le marché, est expulsée de son logement. 

Moins d'un mois plus tard, "Patrick" arrive en compagnie de son père qui a mal vécu le voyage jusqu'à New York, et est très malade. Sauf que ce n'est évidemment pas Patrick, mais Patricia...

C'est une très belle surprise: un film très soigné, dans lequel l'équipe trouve dans l'évocation d'un New York disparu et mythique (et sérieusement en contact avec le progrès et le raffinement, via toute l'intelligentsia réunie dans les beaux quartiers) une source de plaisir constant, une légèreté et un plaisir de narration, auquel Marion Davies n'est absolument pas étrangère. Il est évident qu'elle a mené toute cette production à la baguette et c'est une réussite. Par ailleurs, non seulement elle joue la comédie du déguisement à fond, sans faute, mais en prime, elle paie de sa personne. Et sous son influence, le film qui aurait pu être un mélo ou un drame pesant, se mue en comédie.

Le film se joue aussi d'un défaut qui aurait pu déstabiliser le spectateur: il y a une ellipse, au moment de l'arrivée de "Pat" à New York, la production nous prive de réelle explication quant à la substitution de Patricia en Patrick. Cette explication viendra dans le final, et c'est assez adroit. Le fait d'avoir vu le jeune homme mal en point en Irlande, du reste, suffit à nous éclairer, et le choix de traiter le voyage, dans tout son pathos, en flash-back, sert le film puisqu'il permet d'utiliser l'effet de surprise. Quant à Marion Davies en jeune garçon, on ne s'étonnera guère du fait que celle qui allait quelques années plus tard (en 1928) si bien croquer les actrices de premier plan du muet dans le génial The Patsy, puisse s'en tirer avec les honneurs.

La réalisation d'Olcott est constamment fonctionnelle; bien sûr, il ne faut pas s'attendre à des passages complexes, des expériences novatrices, mais le metteur en scène a su parfaitement placer son point de vue et demander à ses acteurs (parmi lesquels on reconnaîtra le "jeune" Louis Wolheim dans un superbe rôle de brute) le meilleur. Il a bien su maîtriser les foules dans l'évocation d'un New York nocturne et qui s'encanaille, et a insufflé une solide dose d'Irlande dans le film. L'interprétation est retenue et inspirée... Et les décors adroits combinés avec une mise en scène délicieusement à l'ancienne jouent aussi beaucoup pour la réussite du film: pas de surprises, c'est devenu un énorme succès. Largement mérité.

 

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Published by François Massarelli - dans 1923 Marion Davies Muet Comédie Sidney Olcott *