Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 janvier 2020 6 25 /01 /janvier /2020 10:40

Ce film de moyen métrage qui s'intéresse à l'actualité brûlante de la guerre fait partie d'une veine qui tient plus de la propagande que de la tranche de vie, pour l'auteur de la série justement célébrée, La vie telle qu'elle est, et bien entendu on n'y trouvera pas l'attrait du mystère si présent dans les films criminels et les séries d'aventure. Cela étant dit, il y a là matière à trouver de l'intérêt...

L'histoire est d'un caractère édifiant, mais n'est pas assimilable à l'esprit "fleur au fusil" des premiers mois de la première guerre mondiale: l'intrigue tourne autour de trois environnements, avec d'un côté, un poilu qui se languit de sa famille quand il est au front, de l'autre la famille à l'arrière et déplacée (leur région est occupée par l'ennemi) et enfin, la "marraine de guerre" du héros, une brave châtelaine Tourangelle, de la meilleure société évidemment, qui va réunir la famille séparée à l'occasion de Noël...

Les bons sentiments, la présence inévitable d'un arrière-plan religieux ('un esprit Catholique d'avant 1905!) trahissent l'esprit Gaumont dans toute sa naïve splendeur, et je ne suis pas sûr que le très comme il faut Feuillade, pourtant si conservateur, se soit beaucoup intéressé à cette histoire. Mais il a su traduire les solitudes, les langueurs des uns et des autres, en images superbes. Il utilise avec verve la pénombre et même la profondeur de champ pour révéler à la faveur d'une porte entrouverte les soldats ennemis qui ont investi une cuisine pour y boire et célébrer leurs victoires. Par moments, on pense au cinéma Tsariste d'un Bauer ou d'un Protozanov, des cinéastes qui n'avaient pas de concurrence pour représenter la détresse intérieure...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans 1915 Louis Feuillade Muet *