
Nouvelle-Angleterre, vers 1900: une petite officine de pompes funèbres est en train de sérieusement péricliter, au point que les deux personnes qui y travaillent économisent les cercueils: ils en ont un, et à la fin de chaque service de funérailles ils retirent le cadavre, l'enterrent et amènent la boîte à la maison. Pour Waldo Trunmbull (Vincent Price), le patron de l'entreprise, il faut trouver une idée, d'autant que le propriétaire (Basil Rathbone) de la maison occupée par l'entreprise réclame des loyers impayés. L'idée viendra fatalement à Trumbull: puisque les temps son durs, il décide, avec son employé le fidèle Gillie (Peter Lorre) de provoquer la mort de ses futurs clients plutôt que de l'attendre...
D'emblée, forcément, on est intrigué par le casting hallucinant: ajoutons pour faire bonne mesure le fait que le beau-père de Trumbull est joué par Boris Karloff, et on comprendra pourquoi le film intrigue touts ceux qui en ont entendu parler sans le voir... Mais la vérité est plus prosaïque: en 1963, tout ce petit monde est au bout du rouleau, sauf peut-être Price qui assume avec un certain aplomb les rôles gothiques qu'on lui confie chez Roger Corman. Lorre est lessivé, Karloff est au bout de ses capacités physiques (et ça se voit) et Rathbone n'est plus que l'ombre de ce flamboyant moustachu qui affrontait Erroll Flynn en duel... Et Tourneur tourne son avant-dernier long métrage pour le cinéma...
Etait-il d'ailleurs le meilleur pour tourner ce film? Il est arrivé sur le projet à la demande de Richard Matheson, le scénariste, qui n'a pas tari d'éloges sur lui. Mais il n'est pas à l'aise, d'autant que s'il savait presque tout faire, la comédie n'est pas vraiment son rayon... Et ça se voit. Ces aventures comiques saupoudrées d'humour conjugal de mauvais goût (Waldo Trumbull est marié à la fille de son vieil associé et se comporte de façon odieuse avec elle, qui de son côté porte des décolletés dangereux qui affolent Gillie), de cascades en accéléré où Lorre est systématiquement remplacé par un cascadeur qui porte un masque de Peter Lorre(!) et qui n'a pas la même corpulence, et on finit par se dire que le meilleur du film est représenté par ce chat, Rhubarb, qui se déplace de scène en scène, comme un clin d'oeil à la carrière plus prestigieuse de Tourneur...
Au moins le film s'emballe-t-il lorsqu'une sous-intrigue se met en place: Rathbone, qu'on a décidé de supprimer bien entendu, souffre de catalepsie, et va semer le chaos sur son passage rien qu'en étant APPAREMMENT mort...
