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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 15:48

Un bien sombre drame que ce film de Sandberg, réalisé en pleine montagne, mais sans que jamais le metteur en scène laisse le lyrisme des paysages l'emporter. Au contraire, c'est la rudesse de la nature qui semble avoir été sa principale motivation pour y placer les protagonistes d'une histoire hautement mélodramatique, fortement austère, et très tributaire d'un flot d'informations contenues dans les intertitres:

Thor Brekanaes (Peter Nielsen), un fermier austère, s'est marié avec une femme à laquelle il reproche d'avoir eu un enfant naturel, juste avant son mariage. Et leur enfant commun, un garçon, est né avec des troubles mentaux... Du coup, la rancoeur du fermier pour son épouse va rejaillir sur Vasil, l'enfant illégitime...

Des années plus tard, alors qu'à la ferme Brekanaes Thor emploie de nombreuses personnes, dont une jeune femme, Thora (Karina Bell), Swein (Sigurd Langberg) le fils du voisin de Thor rend souvent visite à la jeune femme qu'il projette d'épouser. Thora est très appréciée de tous: en particulier, d'Alsak (Peter Malberg) le fils simple d'esprit de Thor. Mais la jeune femme est amoureuse de Vasil (Emmanuel Gregers), qui revient alors au payx pour annoncer à son père qu'il envisage de mener des études de droit, et souhaite emmener Thora avec lui. Le père refuse, toujours sous le coup du dépit et de la rancune tenace qu'il garde envers son épouse décédée depuis longtemps... 

Mais quelques jours plus tard, Thor est retrouvé mort: assassiné d'un jet de pierre. Les soupçons se tournent vers Vasil, mais Swein est tout aussi potentiellement coupable que lui... C'est Thora qui découvrira la vérité...

Du mélodrame, disais-je, et du lourd. Mais le film vaut mieux que sa pesante intrigue, dont on doit avouer qu'une fois de plus le mystère ne vaut pas lourd: le "coupable" du "meurtre" sera vite trouvé, permettant une fin relativement heureuse, mais quand même assez sombre... Les acteurs dirigés par Sandberg sont parfois dans la ligne, dans la mesure où ils jouent des archétypes. Une mention spéciale est due à Peter Malberg qui compose un personnage "simple d'esprit", comme on dit, constamment sur la brèche et réussit à ne pas en faire trop. De même que le lien entre lui et Thora est joué avec tact par Karina Bell. cette dernière réussit dans les deux dernières bobines à élever son personnage au dessus de son simple statut de commodité...

On est dans une atmosphère qui rappelle un peu les films "paysans" de Murnau, avec leurs lourds secrets du passé, et leurs intrigues qui mobilisent toute une tribu de membres de la famille et d'employés de ferme. Mais Sandberg, en jouant la carte du conflit habituel entre campagne et cité, entre tradition et modernité, se réfugie plus dans le mélo classique avec ses règles et ses coups de théâtre, que dans le symbolisme transgressif de Terre qui flambe ou City Girl... Le metteur en scène Danois reste, avec ce solide film campagnard, les pieds sur terre, ou plutôt dans la glaise. Il dépeint en vrai citadin, c'est à dire à distance, le jugement de deux hommes par l'ensemble d'une communauté pas spécialement encline à rigoler avec le péché... Notons tout de suite que l'intrigue du film sera obscure si on ne s'aide pas d'un résumé, car les seuls intertitres disponibles sur la copie mise en ligne (une splendeur, en HD) sur le site du DFI, sont bien évidemment en Danois.

https://www.stumfilm.dk/en/stumfilm/streaming/film/moraenen

 

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Published by François Massarelli - dans A.W. Sandberg DFI Muet 1924