
Ernst Graeber (John Gavin) est un soldat Allemand qui participe à la campagne de Russie. Le moral des troupes, dans la boue et les neiges sales, est au plus bas, et le fait que chaque patrouille se voit flanquée d'un membre de la Gestapo n'empêche pas la grogne. Les soldats rêvent tous d'un extérieur... Ernst, lui, attend une permission qui tarde à venir.
Quand elle vient, c'est presque trop tard: il a fait partie d'un peloton d'exécution qui a tué quatre civils. Mais les ordres sont les ordres, et y désobéir ne fait qu'ajouter des morts... Il retourne chez lui, sans savoir qua la maison de ses parents est un tas de ruines. Il a trois semaines pour les retrouver, mais à la place il va trouver deux connaissances vagues de ses années de lycée: un officier nazi, huile locale qui se la coule douce et lui propose de faire la fiesta permanente avec lui, et une jeune femme: la fille du médecin de famille, envoyé en camp de concentration pour une parole malheureuse. Ersnt et Elisabeth (Liselotte Pulver) vont tomber amoureux, au milieu des ruines et des bombardements...
28 ans après la célèbre adaptation par Lewis Milestone de It's all quiet on the western front, la Universal réactualise le message pacifiste de Erich Maria Remarque, l'écrivain Allemand; une fois de plus, c'est le point de vue du troufion qui est privilégié , pour une ouverture philosophique: au menu, la responsabilité individuelle face à la mort ordonnée par des salauds, la survie aussi, la perte des illusions face non seulement à la barbarie (le nazisme, encore très présent en cette période d'intense débâcle) mais aussi face à ses conséquences (les bombardements des alliés, que des victimes devenant fous imputent non aux Américains, mais bien à Hitler et ses sbires...).
Le constat est noir désespéré, devant une Europe où les soldats supposés conquérants ont perdu leurs repères et leur humanité... Au point où, revenu à l'arrière, le soldat semble ne trouver de tranquillité qu'avec les autres soldats... La ville est un tas de ruines, la vie des uns et des autres aussi, et chaque conversation est susceptible d'être épiée. dans ce dédale, Elisabeth va fouiller la conscience d'Ernst, lui reprocher sa fréquentation d'un nazi qui n'aura aucun scrupule (même si'l se présente comme un "tendre") à exécuter les ordres. Le crime initial du film, cette exécution sommaire qui ne passe pas (et provoque un suicide) agit en longueur, et va finir par provoquer une prise de décision d'un soldat remarquablement campé par John Gavin, l'acteur malléable qui venait de remplacer Rock Hudson dans les films de Sirk...
Ce dernier retourne donc en Allemagne après 20 ans, et sa vision est formidable, terrifiante aussi. Pas un plan, presque, dans lequel on ne devine de ruines, et il a abandonné sa palette de Technicolor rutilant au profit d'un Eastmancolor plus discret, idéal sans doute pour ce tournage largement en extérieurs. Il privilégie les acteurs d'origine Allemande, même si ils doivent parler Allemand. La post-synchronisation, à ce titre, est très réussie... Son film, qui conte la résilience de la conscience (d'aucuns diront l'âme) y compris dans le pire moment de l'histoire de l'Allemagne nazie, est un magnifique chant de désespoir, dans lequel passe enfin, le souvenir d'un homme chassé de chez lui, et qui s'y retrouve sans pouvoir s'y reconnaître. Quant à Erich Maria Remarque, il apparaît dans ce film, dans le rôle d'un professeur...


