
On ne va pas prétendre: ni que ce film soit la meilleure comédie de tous les temps, ni qu'Irving Reis soit Lubitsch, Wilder ou Sturges (Preston, pas John): ne nous faisons pas d'illusions... D'ailleurs, pourquoi s'en faire? Il suffit parfios de pas grand chose: un réalisateur avec un certain métier et une envie de bien faire, un script malin, et... des acteurs.
Bien sûr, voilà ou je voulais en venir: c'est en quelque sorte, ci, un film "de" Cary Grant: à la gloire de, taillé autour, dans un studio qui avait trouvé la parade: avec Cary Grant, pas la peine d'aller débaucher un metteur en scène coté, il suffit d'un sujet qui fonctionne et hop! le tour est joué, le public viendra, de toute façon... Et le pire c'est que ça marche: ce film est drôle, tout bonnement...
Les deux soeurs Turner ont une certaine différence d'âge: Margaret (Myrna Loy) est juge, et elle a hérité de la charge de sa petite soeur Susan (Shirley Temple), qui bien entendu est à la fois brillante et sérieusement casse-pieds. Elle se cherche, et donc elle tente, et donc elle ramène des ennuis. Le dernier en date? Elle a entendu une conférence sur l'Art et veut devenir artiste... Non, mieux que ça, modèle, pour le conférencier: Richard Nugent (Cary Grant), playboy et peintre. Cette nouvelle obsession devient dangereuse, quand elle s'introduit chez lui à son insu...
Ce qui mène à des suites judiciaires; bien sûr... Margaret, qui a déjà eu maille à partir dans le cadre de son métier avec l'artiste-pitre, a une idée un peu incongrue: en échange de la clémence du jury, elle persuade Nugent de jouer le jeu et de devenir, en tout bien tout honneur, le fiancé officiel de Susan, le temps que cette dernière se lasse. Mais bon: Margaret a une idée derrière la tête, aussi, semble-t-il...
On nous le dit dès le départ: malgré la différence d'âge, les deux héroïnes, finalement, sont un peu les mêmes. Elles sont donc condamnées à devenir rivales pour les affections de Cary Grant, ce qui promet de la comédie enlevée. C'est l'un des points forts de ce film, il promet et donne beaucoup; en particulier, de nombreuses scènes fonctionnent sur l'accumulation de débats, querelles et autres conflits autour de la personne de Cary Grant, ce qui lui permet de retourner à son jeu de Arsenic and old lace. C'est donc drôle, dans la situation et les personnages. Et on peut aussi s'étonner que ce ne soit jamais scabreux... Enfin, si Shirley Temple est capable, on se réjouit de revoir Myrn Loy, qui était entrée dans sa période adulte responsable, après les excentricités du couple de The Thin Man...

