
Ce film fait partie, en quelque sorte, d'une certaine routine; "en quelque sorte", puisque comme la plupart des films de la série des Droopy réalisés par Avery, il est d'excellente facture, et qu'il possède son lot de moments tordants, tout en témoignant paradoxalement d'une influence graphique inattendue, celle de l'ancien disciple Chuck Jones...
Le principe est simple: un milliardaire a décidé de léguer son entière fortune à l'un de ses deux chiens. Spike et Droopy attendent de connaître l'identité de l'heureux héritier, mais quand Spike apprend que son collègue est le bénéficiaire du testament, et qu'il n'héritera lui-même qu'en cas de décès de Droopy, sa décision est vite prise. On a donc droit à une accumulation en règle de tentatives de meurtres qui vont toutes échouer plus lamentablement les unes que les autres...
C'est un film qui nous renseigne bien sur deux points qui sont essentiels, non seulement pour ce film mais d'une manière générale pour l'oeuvre d'Avery: d'une part, ce n'est jamais ce qu'on nous raconte, ou le déroulement d'un gag, qui compte: quand Spike attire Droopy sur un plongeoir après avoir peint le sol en ciment en bleu, nous SAVONS que le héros va plonger et nager. Ce qui compte, c'est la réaction, bien entendu, et à ce titre, Spike est un chien généreux en matière de réaction... Et c'est là un deuxième point essentiel: qui se préoccupe vraiment de Droopy? Une fois qu'on sait qu'il triomphe toujours, on regarde ailleurs. Et chez Avery, c'est comme chez Hitchcock: plus on réussit à créer un méchant, meilleur est le film...
