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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 17:22

Février 1972: on apprend la mort du trompettiste Lee Morgan, 33 ans, abattu par son épouse en pleine crise de jalousie, sur les lieux même de son travail, un club de jazz, et en présence de nombreux musiciens et personnes du public...

Quelques années plus tard, Helen Morgan est sortie de prison, sous conditions, et s'est fondue dans la communauté Afro-Américaine de son quartier. Jusqu'au jour où un ami l'a interviewée, en 1994, à un mois de sa mort...

Le film fait la navette entre l'histoire du musicien (sans grand penchant pour la précision, ni aucune rigueur sur les dates et encore moins sur le développement de la musique), et grâce à cette voix d'outre-tombe recueillie par hasard sur une cassette audio, le témoignage poignant de son épouse et meurtrière. Comme il est d'usage dans ces films documentaires désormais, des témoins viennent raconter leurs impressions sur l'histoire de l'un des musiciens les plus passionnants qui soient: Wayne Shorter, Albert Heath, Jymie Merritt, Bennie Maupin, Larry Ridley... Excusez du peu, tous ces noms rappellent une grande période de mutation dans l'histoire du Jazz.

Et c'est bien ça le problème: sans doute n'y a t-il que peu d'images de Lee Morgan, à l'exception d'une prestation télévisée de 1971, et d'une ou deux prestations effectuées lors de son passage héroïque chez les Jazz Messengers (son solo sur Moanin'!), le fait est que Morgan ne bénéficiait pas de la même cote d'amour qu'un Miles Davis ou un Dizzy Gillespie. Mais du coup, si on peut comprendre l'absence d'images, que penser du flou narratif? Aucune chronologie, aucune preuve tangible ni de son génie ni de son évolution, sans parler de l'étrange faiblesse éditoriale, qui fait monter des images des Messengers de 1959, avec Morgan à la trompette bouchée, sur Search for the new land de 1964, dans lequel on entend le trompettiste sans sourdine!

Et puis le film finit par ne plus se concentrer que sur l'inévitable fin: les circonstances, absurdes et tragiques, et la mort d'un fabuleux musicien... On aurait aimé que ce film soit consacré à Lee Morgan plus qu'à sa mort.

Je râle, mais on se réjouira au moins sur deux faits: d'une part, au moins on parle de Lee Morgan, après tout, c'est déjà ça! Et d'autre part, le film est si pauvre en recherches musicales, qu'il nous pousse à aller fouiller dans la discographie du bonhomme. Ca, c'est bien!

 

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Published by François Massarelli - dans Musical