Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 juillet 2020 5 17 /07 /juillet /2020 11:21

Chu (Sihung Lung) est un ancien cuisinier, qui a trois filles toutes devenues adultes; l'étudiante Jia-Nin (Yu-Wen Wang) qui paie ses études en travaillant dans un fast-food; la businesswoman Jia-Chien (Chien-Lien Wu) qui est de plus en plus l'étoile montante de sa compagnie; enfin l'aînée, Jia-Jen (Kuei-Mei Yang) est professeure de chimie dans un gigantesque lycée. Ils vivent tous les quatre ensemble et Jia-Nin n'a pas le loisir de trouver un petit ami contrairement à une de ses collèges du restaurant, qui cherche à se débarrasser d'un ex devenu un boulet. Jia-Chien a une vie totalement libérée, s'étant pour sa part affranchie de son petit ami avec lequel elle continue à coucher épisodiquement. Enfin, Jie-Jien est "la vieille fille" du lot, l'expression pas tendre est effectivement prononcée dans le film, qui a trouvé refuge dans la religion, s'étant convertie au Christianisme.

Avant peu, deux des filles seront mariées, et l'autre sera plus proche que jamais de son père. Pourtant, quand le film commence on sent une tension, voire une irritation des filles face à leur père qui passe son temps à cuisiner pour douze, et montre de plus en plus des signes d'avoir perdu le goût, ce qui combiné à la distraction n'arrange pas les choses... C'est le père qui donne son titre au film, lorsqu'il énumère les choses dont un être humain ne peut se passer, et c'est lui qui rythme la comédie, faite essentiellement d'une chronique douce-amère sur le temps qui passe, les opportunités qui se présentent, et le fond des choses: chacune des trois filles, mais aussi le père, vont questionner leurs choix, et chacun des quatre protagonistes va avancer, parfois dans la douleur et parfois dans la drôlerie.

Même si le portrait de la jeune femme vieillie prématurément qui a trouvé son refuge, voire son excuse, dans la religion, est un peu forcé, on apprécie le moment où Jia-Jien, prise d'une folie soudaine, se présente soudain à son lycée habillée et maquillée à la dernière mode; et le suspense autour de la probabilité d'un remariage du veuf Chu débouche sur un grand moment de comique d'embarras, qui prouve que le Ang Lee de The Ice Storm n'avait pas attendu d'être aux Etats-Unis pour se révéler. Mais surtout, c'est la profonde humanité du quotidien, rythmé avec bonheur dans l'exposé des petits rites (en particulier bien sûr les repas), qui enchantent dans ce beau film.

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Ang Lee