
Dorothy (Lucy Doraine) a tué un homme... Quand on l'arrête, la confession a du mal à venir, mais une fois lancée, elle déballe tout: comment un escroc lui a fait miroiter monts et merveilles pour faire main basse sur sa fortune, comment une fois qu'ils se sont mariés, il l'a abandonnée à son triste sort une fois la fortune épongée, comment il a manoeuvré pour de nouveau tenter de profiter d'elle...
Il y avait une formule des films de Curtiz avec son épouse Lucy Doraine, en Autriche. L'actrice incarnait généralement une femme qui avait vécu et cherchait le salut en dépit des circonstances, avec le sort qui s'acharnait sur elle; les péripéties autour de sa vie tournaient le plus souvent au mélodrame avec force accidents, incendies, crimes et autres tricheries de grand luxe...
Ce qui reste intéressant dans ces productions, ce sont souvent les artifices de constructions, notamment les flash-backs, et une mise en scène plus axée sur l'instant, voire la splendeur du plan, que sur un effet à long terme... Dire de ce film qu'il est bouleversant serait une bien grosse exagération, donc: Curtiz se cherchait au temps du muet, et il allait falloir attendre encore un peu avant qu'il ne se révèle... Mais il nous montre un Curtiz à la manoeuvre, qui tente de transcender le matériau mélodramatique avec de belles idées, et qui semble pour l'instant s'accomplir dans les scènes de foule, son péché mignon.
