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23 août 2020 7 23 /08 /août /2020 16:16

David Byrne est bien sûr le célèbre (?) musicien Américain, chanteur, guitariste, auteur et compositeur qui pour une bonne partie de sa carrière a été associé au groupe les Talking heads, avec lesquels il a fait le grand saut dans le funk et la world music. Mais dans les années 80, ils ont aussi commencé à explorer, après l'apport extérieur essentiel de la musique Africaine, les racines intérieures et traditionnelles de la musique populaire Américaine... le folk, la country notamment. 

Et ce film est à la fois une source et un prolongement pour le groupe: une source car c'est devenu pour Byrne cinéaste et Byrne compositeur une occasion de faire appel au groupe, et par là-même un nouvel album; et un prolongement parce que l'esprit particulier, le ton délibérément alien de ce film ont tout à voir avec ce qu'étaient les Talking heads depuis le début: des observateurs de l'ordinaire, mis en musique d'une façon souvent innovatrice...

Pour son unique long métrage, assisté de l'excellent chef-opérateur Ed Lachmann, Byrne incarne un visiteur extérieur d'une petite ville fictive du Texas, un état dont il nous retrace d'ailleurs l'histoire compliquée dans un montage hilarant. Il est habillé à la mode Texane, vue de loin, avec de très très larges Stetson, et il parcourt les routes plates et mornes du Texas qu'on voit défiler en transparence derrière sa belle voiture rouge décapotable. Et il s'intéresse aussi bien à des gens, qu'à des anecdotes, avec une constante: aucune conclusion, aucun jugement sur tous ces gens qui se préparent à fêter le 150e anniversaire de leur petite bourgade: l'informaticien à la pointe, le brave coeur solitaire qui cherche l'âme soeur, le couple de notables qui ne se parlent plus, la femme qui ment comme elle respire, le prédicateur paranoïaque, le prêtre vaudou, et la femme qui aura fait par pure paresse la plus longue sieste du monde, tous partagent d'être inspirés par ces titres de journaux parfois loufoques qu'on trouve parfois dans ces journaux à bas prix qu'on peut acheter partout... Et tous vont se retrouver autour d'un radio-crochet.

C'est très étonnant, dans la mesure où au delà des anecdotes concernant chacun des personnages identifiables, le film ne raconte finalement rien du tout! Mais il diffuse une étrange et très confortable douceur, une espèce de vision rassurante de l'humanité, car ici, Byrne ne cherche pas à accuser, montrer du doigt ou critiquer qui ou quoi que ce soit, juste s'amuser autour d'un folklore en se laissant vagabonder au gré des idiosyncrasies des uns et des autres. Pour revenir aux Talking heads, il souhaite regarder de plus près, sans les effaroucher, les "Little creatures" dont il parlait dans la chanson du même nom. Il s'est aussi entouré de toute une troupe, parmi lesquels on retrouvera des têtes connues: l'actrice Swoosie Kurtz, mais aussi Spalding Geay et surtout John Goodman, ou encore des musiciens, des vrais, établis (Paulinnho da Costa), des locaux (Esteban "Steve" Jordan y los Vampiros) et même d'illustres inconnus, invités à participer à l'étrange célébration...

Séduisant, mais condamné dès sa sortie: personne ne s'est déplacé pour aller voir le film...

 

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Published by François Massarelli - dans Musical Comédie Criterion