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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 09:09

Dans les Alpes Autrichiennes, au tout début de la seconde guerre mondiale, les fermiers Franz et Fani vivent heureux dans un bonheur fragile au milieu de leur village... Mais les habitants vivent dans l'hypothèse d'une conscription imposée par les nazis. Certains, qui considèrent l'arrivée d'Hitler comme un bénéfice, en revendiquent la nécessité, mais d'autres, dont Franz, ne peuvent l'accepter. Taraudé par sa conscience, le fermier va refuser de porter les armes... Et assumer toutes les conséquences.

C'est un retour au cinéma fermement narratif pour Malick, qui a planté ses caméras dans les alpes pour en capter la beauté, et continue à fonctionner en alternant les plans-séquences, la caméra posée au sol avec des objectifs grand angle qui déforment volontiers le champ... Mais une chose me frappe, moi qui ai été profondément irrité par ses trois précédents films "quasi-narratifs", c'est l'absence de cette pensée omniprésente dans la bande-son, qui était sans doute devenu le tic le plus navrant du cinéaste: ici, les réflexions ("je ne sais pas d'où je viens... toi non plus" et gna gna gna) sont remplacées par un recours bienvenu à un dialogue de lettres, les messages que s'envoient Franz et Fani depuis les classes du militaire jusqu'à la prison, le procès, et l'échafaud.

Oui, il va mourir: il a refusé de porter fusil pour les nazis, donc après un simulacre de procès, il va être séparé en deux, pour reprendre la formule de Badinter... Le film nous décrit bien un calvaire, celui d'un homme comme un autre, dont le parcours est raconté par un jeu de point de vue impressionnant... Et le chemin de croix (l'expression est ici utilisée en conscience) est double: d'un côté, le parcours judiciaire chez les nazis, avec coups de lattes en permanence, de l'autre la mise eu ban du village pour l'épouse et les enfants.

Par contre on retrouve cette manie à la fois énervante et rassurante de Malick de figurer le destin/la vie/Dieu/que-sais-je-encore par des plans superbes, magnifiques et dignes des plus sublimes cartes postales de couchers de soleil, de cimes ennuagées, et toutes ces sortes de choses... 

On ne s'étonnera pas pour finir d'apprendre que Franz a existé et qu'il a été béatifié, par un pape qui a été effectivement enrôlé (contre son gré, ce qui a été plus d'une fois souligné) dans les jeunesses hitlériennes. Cet aspect n'enlève rien à la gravité du cas de conscience, après tout. Même si Malick le traite avec les gros sabots du croyant.

 

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Published by François Massarelli - dans Terrence Malick