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Les Hilliard sont une famille petite-bourgeoise qui vit une petite vie bien pépère dans une banlieue d'Indianapolis... Le matin, le père, la mère, la fille, le fils se lèvent, prennent leur petit déjeuner, et se chamaillent un peu. Ralph (Richard Eyer), le fils, décide qu'on ne l'appellera plus Ralphy, parce qu'il est un homme... Donc il refuse d'embrasser son père avant de partir pour l'école, et prétexte qu'il n'a pas le temps de ranger son vélo qui orne insolemment la pelouse. La fille (Mary Murphy) aussi, qui a 19 ans, affirme qu'elle a grandi et laisse entendre qu'elle considère le mariage, avec son petit ami Chuck. Au moment où le père (Fredric March) s'apprête à sortir pour se rendre à son travail et déposer sa fille, Madame Hilliard (Martha Scott) lui fait promettre de ne pas aborder la question des amours avec sa fille, car elle sait que le jeune avocat Chuck l'agace. Puis la mère reste seule et s'adonne à ses tâches ménagères.
Elle ne prête aucune attention à ce que raconte la radio, sur une évasion spectaculaire non loin de là. Elle aurait du, car pendant que la police cherche des pistes pour retrouver les trois évadés, ils décident de se réfugier en banlieue, avisent une maison: elle plaît au chef des trois bandits, Glenn Griffin, car il sait qu'en cas de coup dur il aura besoin d'otages, et il n'y a rien de mieux qu'une famille avec enfants, en cas de prise d'otages. Et il sait qu'il y a des enfants, puisqu'il y a un vélo abandonné sur la pelouse...
Wyler ne perd pas de temps à faire se rencontrer les deux univers antagonistes qui vont cohabiter durant quelques heures. Les Hilliard, si conventionnels dans leur douceur de vivre un brin terne, et les trois bandits évadés, pas des rigolos: les frères Griffin, donc, Glenn (Humphrey Bogart) et Hal (Dewey Martin) et Simon Kobish (Robert Middleton): le premier, un dur de dur, qui n'avait pu aller en prison qu'une fois qu'il avait descendu un policier; le deuxième, son petit frère, encore un peu tendre; et le troisième, un type à moitié fou, dangereux et sans limites... Même Glenn souhaite éviter qu'il ait une arme! Si le réalisateur nous laisse suivre les efforts du détective Bard (Arthur Kennedy), en charge du dossier, qui doit lutter contre tous les services possibles afin d'être efficace, l'essentiel de la prise d'otages sera vue depuis la maison même des Hilliard. L'enjeu est simple: les bandits n'hésiteront pas à tirer, la famille doit donc tout faire pour qu'on ignore la situation, et le suspense est à son comble.
C'est un très grand film, parfaitement maîtrisé à tous points de vue. Le metteur en scène nous accoutume aux lieux du drame sans qu'on s'en rende compte dans les dix premières minutes, avant de nous montrer l'arrivée des évadés. Afin de laisser monter le suspense, il nous fait voir le choix de la maison des yeux même de Griffin, avant qu'on ne l'ait vu. Par contre, on savait que le vélo était présent: un signe du destin. Le metteur en scène tisse de façon magistrale des liens entre les hommes, les faits, les lieux, et joue aux montagnes russes avec les nerfs de ses personnages, tout en explorant avec une rare acuité le thème si cher à son coeur de la difficile (re) conquête de la liberté. Ce ne sera pas facile: accroché au mur de la chambre de Ralph, et bien en vue, il y a un cadre avec des papillons, comme dans The collector... Enfin, l'interprétation est fantastique, à commencer par la rencontre au sommet de deux monstres sacrés, Fredric March, formidable dans le rôle d'un homme d'âge mûr, et Humphrey Bogart avant la chute, magistral en homme qui n'a plus rien à perdre... Enfin, si, même s'il ne l'avouera pas: son petit frère...
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